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5/06/2005

M. iLivre, laptop bouddhiste


Analyse de la situation. M. iLivre estime qu'il lui reste moins de deux heures à vivre — dans son incarnation présente. (Les laptops sont-ils bouddhistes? S'ils le sont, ils abhorrent sans doute qu'on les connecte à une prise électrique, perpétuant ainsi leur samsara...). J'ai oublié mon câble d'alimentation à l'appart. C'est peut-être ma dernière entrée avant ma sortie du territoire français. Les sujets à évoquer ne manquent pas. (En fait, les sujets, on s'en moque.) Deux heures, c'est pas beaucoup. C'est même peu. Bla. Bla. Bla. Au rythme où je progresse, je n'aurai probablement écrit au terme de l'exercice qu'une poignée de petits paragraphes — ou une petite poignée de paragraphes —, malgré l'activation de tous mes circuits neuronaux d'ultraoptimalité. Est-il raisonnable d'astreindre l'agrume pourvoyeur du précieux jus blogatoire à une pression aussi considérable? Poser la question, c'est y répondre. Mais la question, c'est: y répondre comment? Je ne sais pas... J'aurais besoin d'un tuyau à ce sujet (vous pouvez m'envoyer un câble).

Dernier cours de piano, hier. J'avais réussi à « finir » la partie A des Territoires de Murail! C'est-à-dire 4 pages. Sur 37. Je l'ai déjà dit: ça sonne vraiment bien. Moutier m'a fourni (et me fournira) des coordonnées de gens qui pourraient m'aider dans le travail du Murail. Dont Murail lui-même, qu'il connaît bien. Super, non? C'était aussi le temps des adieux, puisqu'il (Moutier, pas Murail) devait partir le lendemain (c.-à.-d. aujourd'hui, — enfin, c'était aujourd'hui quand j'ai écrit « aujourd'hui »...).

Je pars pour Paris samedi; ce sera ma deuxième rencontre avec la Ville lumière. On a la fin de semaine to catch up with each other, elle et moi. Mon hôtel est dans le quartier Montparnasse — tout près de l'Hôtel des Invalides, à une vingtaine de minutes à pied de la tour Eiffel.

Après Montparnasse, Montréal; je prends l'avion lundi.

Qu'ai-je fait ces derniers temps que je ne vous ai pas encore raconté? Entre autres faits saignants...

... j'ai arpenté la Tête d'Or, un vaste parc urbain full equip', avec lac artificiel (lui-même équipé d'une île artificielle), jardin botanique, serres, dézzanimôôôôôôô!!! (« Maman, pourquoi il bouge pas, le lion? »), des arbres centenaires, des terrains de jeu (frisbee, football [européen]; la fièvre du aki ne semble pas avoir conquis Lyon — ça viendra) des allées où défilent des jeunes en trottinettes (tout le monde se promène avec ça, ici, du bambin à la mamie), des tout jeunes qui apprivoisent le vélo, des moins jeunes qui s'initient au patin à roues alignées, des patineurs aguerris qui donnent dans la figure de style pour la galerie — faut dire qu'elle est substantielle —, des couples allègres, des couples aigris, des familles en expédition, et puis, parlant de bambins et de mamies, il y en a beaucoup, en formation duo (mamie sort les enfants pour les vacances scolaires; « Viens on va se reposer sur ce banc à l'ombre »)... et j'en passe, et j'en passe...

... j'ai visité le Musée des beaux-arts (gratuit pour les étudiants), l'exposition permanente (de l'Égypte [de nombreuses pièces, notamment, de magnifiques sarcophages] à à peu près aujourd'hui; j'ai été particulièrement impressionné par les vibrants tableaux des maîtres de la Renaissance [Tintoret, Véronèse]) et une expo sur les rapports entre les débuts du cinématographe et l'impressionnisme (je n'avais que très peu de temps pour la voir; en fin de parcours, le fameux Voyage dans la lune de Méliès [complètement délirant] et un autre film, dont je ne me rappelle plus ni le nom ni l'auteur [un film colorisé... et tout aussi délirant]) étaient projetés.

... je suis allé au Musée d'art contemporain, qui présentait une exposition Andy Warhol. Originalité de l'expo: on n'y montre pas les oeuvres qui ont fait sa célébrité (soupes Campbell etc.), mais plutôt celles de sa dernière période créatrice. Une fois de plus, ça ne m'a rien coûté: figurez-vous que l'entrée est gratuite pour les Montréalais! (Pour obtenir le tarif réduit dont les étudiants bénéficient, je montre ma carte de l'UdeM, puisque celle du Conservatoire — au format peu pratique — ne fait pas bon ménage avec mon portefeuille. Le préposé y jette un coup d'oeil, me dit: « Vous habitez Montréal? » Je réponds par l'affirmative. Il m'informe que c'est gratuit pour les Montréalais. Interloqué, sceptique, je demande si c'est une blague. Il m'assure que ce n'en est pas une et, pour effacer mes soupçons, me tend la plaquette des prix d'entrée, où il est bel et bien écrit que les habitants de Montréal et de quelques autres villes ont le privilège de visiter gratuitement le musée. Sur présentation d'une preuve de résidence, j'obtiens donc mon billet à zéro euro!) Le musée se trouve dans la Cité internationale, qui agglomère, en bordure du parc de la Tête d'Or et à proximité des bureaux d'Interpol, un centre de congrès, des restaurants, des résidences, des immeubles à bureaux, un casino, un multiplexe de cinéma (j'y ai vu Mon petit doigt m'a dit, adaptation française d'un roman d'Agatha Christie; d'abord d'une fraîcheur séduisante — la prestation de Catherine Frot [vous savez, la bourgeoise d'Un air de famille?] dégage beaucoup de charme, le caractère un peu irréel des dialogues et du cadre amusent —, le film perd de son intérêt au fur et à mesure que s'accumulent les rebondissements de l'intrigue) et d'autres merveilles du monde moderne.

... j'ai fait un tour aux Subsistances, lors de leur week-end printanier intitulé « Ça tranche! » Tiré de leur brochure: « Le projet [faire parler les décapités ou plutôt évoquer, à la première personne du singulier, les derniers instants et pensées d'hommes et de femmes de fiction et d'histoire décapités] est né après la lecture de deux études médicales fort sérieuses. Dans la première le Dr Dassy d'Estaing (1883) déclarait: "après une étude approfondie, et mûre réflexion, il est de mon opinion que la tête demeure consciente pendant une minute et demie suite à la décapitation." Dans la seconde, le Dr Emily Reasoner (A sourcebook of Speech, 1975) explique que "dans un vif état d'émotion, nous parlons à la vitesse de 160 mots par minute." » Je n'avais que peu de temps, ce qui a limité mes explorations à deux séances. D'abord, une projection de courts-métrages, puis un spectacle de cirque. Je passe sur les premiers; le spectacle était présenté par une troupe constituée d'un danseur, d'un circassien (selon la brochure des Subsistances, c'est comme ça qu'on appelle les artistes du cirque) et d'un DJ/musicien. Apparemment, le décor du spectacle qu'ils devaient créer s'est retrouvé bloqué (à cause d'une tempête, je crois?); ils ont donc dû se rabattre sur un projet antérieur.Ce qui ne m'a nullement empêché de passer un fort bon moment. Je laisse encore parler la brochure (c'est facile): « Ce qu'ils font ensemble? des moments de spectacle étranges, à couper le souffle où ils escaladent, grimpent, tombent avec une énergie et un rythme saisissant. Cette mécanique des mouvements, cette virtuosité précise propulsent le spectateur dans un monde imaginaire, bourré d'humour, entre Buzzati et Tati, entre le bonheur d'acrobates souvent comiques et la légère angoisse d'un monde envahi et dévoré par son propre mouvement. » Je sais pas qui est Buzzati, mais la référence à Tati (cinéaste, auteur des Vacances de M. Hulot et de Mon oncle, notamment) me semble très juste.

... je suis allé au ciné. J'ai eu la chance extraordinaire de visionner La Dolce vita sur l'écran gigantesque de l'Institut Lumière — wow. Non, mais quel film... Je n'en avais vu que de courts extraits à la télévision (au cinéma nocturne de Radio-Canada; je m'endormais à tout coup après quelques minutes). Quel génie. De tous ceux que j'ai vus (pas tous, mais quand même une gang), je crois que c'est maintenant mon Fellini préféré. Ça me pousse presque à réviser le concept — c'est un peu n'importe quoi, mais c'est pratique — de Sainte Trinité que j'avais élaboré (Persona, Blow-up, Sunset Boulevard). Faudra voir... J'ai aussi vu des films récents. Du lot, je recommande tout particulièrement deux films japonais (Nobody Knows et The Taste of Tea) et deux films américains (Hair High et Mysterious Skin). Je suggère la plus grande prudence à propos de Locataires, film coréen qui m'a exaspéré.

... je me suis pointé au show d'Autechre. Sublime. Ce sont des génies. Assister à un tel show m'amène presque à sortir des déclarations aberrantes du genre: il n'y a que deux groupes vraiment importants sur la planète, Radiohead et Autechre. Comme je suis paresseux et puisqu'il ne me reste que peu de temps, je reprends un commentaire écrit à la va-vite que j'ai envoyé sur une mailing list:
I went to the show in Lyon and I thought Autechre were absolutely fantastic. Liked it even more than the show they did in Montreal in 2001.

Of course, Autechre live is a totally different beast than Autechre on record. And what a beast it is... What tremendous control/mastery... Beautiful sounds... (I recall a wonderful sequence where, suddenly, the sound stage was cleared for a "pad" sounding something like a fifth interval, sliding downwards and "intelligently" accumulating in the process some of the "slid-through" tones -- a moment of mesmerizing beauty... and when you thought the sequence would simply end like that, an almost meditative moment of "rest" amidst this kinetic workout, a grinding beat structure was added to the mix -- total hysteria.) Surprising transparency given the complex layering of sound elements -- always busy, but never messy. Very nice flow. The music was really hard-hitting, too... and *fast moving*. As they say, bring your dancing shoes. I could go on and on, but I'll spare you all.

... je suis aussi allé me faire lessiver à la première soirée des Nuits sonores. C'est un festival de musiques électroniques (ça fait très classe de pluraliser les substantifs; les Français adorent... et nous ne sommes pas en reste, on s'y met de plus en plus au Québec). Un peu dans le genre de Mutek. Avec moins d'artistes de renom, toutefois. Mais beaucoup de volume. Alors qu'à Mutek, on peut théoriquement assister à l'entièreté des prestations, ici, les événements se chevauchent. Au programme de la nuit de mercredi: plus d'une douzaine d'artistes, à l'oeuvre dans deux endroits différents; ça se déroulait aux Subsistances — dans une grande cour/verrière, le programme tech-house minimale et dans l'autre salle, le programme plus éclectique. De 22h à 7h du mat. Ouch. Je suis resté pratiquement jusqu'à la toute fin, essentiellement dans la grande cour carrée. Globalement satisfaisant, de bons moments furent eus. Il y a dans un événement du genre matière à produire une fascinante étude des comportements sociaux... Sur le chemin du retour, le corps est curieusement disloqué, désarticulé; ce n'est pas une sensation entièrement désagréable. Si ça vous dit, allez voir Mathew Jonson (oui, un t et pas de h) à Mutek. Et évidemment, Autechre à Elektra, s'il reste des billets. Et si ça vous dit.

Voilà venu le temps de faire tomber le rideau...

À très bientôt!

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4/29/2005

Oui ou merde ou...


Vous trouvez que la mort du pape et le scandale des commandites/la commission Gomery ont monopolisé l'espace médiatique québécois? Vous n'avez rien vu.

En France, il n'y a qu'un sujet d'actualité: la Constitution européenne. Bien sûr, la France n'a pas échappé à la frénésie papale: malgré le fait que la France soit une République laïque (c'est inscrit à l'article 2 de sa Constitution... et il existe depuis des lustres [1905] une loi sur la séparation des Églises et de l'État), on — c'est-à-dire Dominique de Villepin [1] — a mis les drapeaux en berne suite à la mort du souverain pontife. Ce qui n'a pas manqué d'irriter souverainement, si j'ose dire, certains Français plus attachés que d'autres à ce principe.

1. Vous vous souvenez certainement de lui — il était ministre des Affaires étrangères avant/pendant la guerre en Irak; maintenant, il est ministre de l'Intérieur... et rêve nuit et jour de Matignon (la résidence du premier ministre).

Mais la parenthèse est maintenant refermée: les cloches ont sonné, la fumée s'est dissipée et la poussière retournera à l'état de poussière — un jour... (Lire cet étonnant article sur le ralentissement de la décomposition des cadavres.)

Donc, la Constitution européenne et le référendum qui doit décider de son adoption ou de son rejet par la France occupent tout l'espace médiatique. Au point où pratiquement toute nouvelle se voit rattachée, d'une manière ou une autre, au sujet de l'heure.

Je résume.

Le 29 octobre 2004, les chefs d'État de l'Union européenne réunis à Rome signent le Traité établissant une Constitution pour l'Europe, aka la Constitution européenne; plusieurs personnes contestent toutefois le caractère constitutionnel du texte — c'est une question polémique/complexe... Le texte a été pondu par la Convention européenne, structure établie en 2001 et constituée de représentants des pays de l'Union ainsi que de membres du Parlement européen. La chose était présidée par Valéry Giscard d'Estaing (VGE pour les intimes, ex-Président de la France).

L'idée? Masher les nombreux traités antérieurs en quelque chose d'à peu près compréhensible/fonctionnel et se doter d'un cadre « constitutionnel » adapté à la taille élargie de la nouvelle « créature » européenne... ainsi qu'aux « réalités des jeeeeeunes d'aujourd'hui ». L'initiative relevait aussi d'un désir d'aller beaucoup plus loin que le très technique et limité traité de Nice de 2001, dont la négociation avait plus ou moins viré à la foire d'empoigne (aka « âpres discussions »), tous les États essayant de « tirer la couvârte » de leur bord.

Pour être effective, la Constitution doit être ratifiée par tous les États membres de l'Union (il y en a pour l'instant 25; la Bulgarie, la Roumanie et la Turquie ont également signé le traité, même s'il ne s'agit encore que de pays candidats). Plus précisément:
Le présent traité entre en vigueur le 1er novembre 2006, à condition que tous les instruments de ratification aient été déposés, ou, à défaut, le premier jour du deuxième mois suivant le dépôt de l'instrument de ratification de l'État signataire qui procède le dernier à cette formalité. (Référence)
Aussi:
Les instruments de ratification sont déposés auprès du gouvernement de la République italienne.
J'espère que l'endroit est bien gardé... Vous imaginez la commotion (pour employer un terme prisé de certains journalistes français) que déclencherait la disparition d'un de ces précieux « instruments de ratification »?

OK, trève de rigolade.

Chaque pays est libre de choisir la voie à adopter pour ratifier (ou non) le traité. Plusieurs ont opté pour une ratification parlementaire, d'autres ont préféré soumettre la question directement à leurs citoyens en organisant un référendum. C'est l'approche qu'a choisie Jacques Chirac. Il y a sur Wikipedia un beau tit tableau qui schématise la procédure de ratification et l'état des choses pour tous les pays de l'Union.

Donc, référendum il y aura, le 29 mai, autrement dit, bientôt. Et dit autrement, bientôt en crisse, pour les défenseurs du traité, en tout cas, puisque le non tient actuellement le haut du pavé (depuis un bout de temps, les sondages donnent le non gagnant, avec une faible marge — le dernier faisait cependant état d'une légère baisse, le plaçant à 52%... quoiqu'un autre, aussi très récent, le faisait plutôt progresser [58%]... so...... allez savoir...).

Les principaux partis (UMP, PS, UDF, Verts) sont officiellement favorables à la Constitution. Chacun de ces groupes compte toutefois en son sein des « éléments rebelles », qui y sont opposés (je suis pas entièrement sûr pour l'UDF [droite]). L'électorat de ces partis est également plus ou moins divisé.

Le PS est particulièrement affecté par ces luttes intestines qui « masquent » — bon, le mot est plutôt fort... — des luttes de pouvoir pour le contrôle du parti (en particulier: Laurent Fabius [« numéro 2 », actuellement en tournée aux States pour parler, eh oui, de la Constitution — je vous jure!] contre François Hollande [premier secrétaire, « numéro 1 »).

L'extrême gauche (communistes etc.) comme l'extrême droite (FN, MPF [Mouvement pour la France]) sont contre. Le patronat est pour. De façon générale, les syndicats ne se positionnent pas.

Bref. Le débat fait rage. Le traité triomphe en librairie (ce n'est pas une blague). Le non ne démord pas dans les sondages. Le gouvernement s'énerve. Tentant de grapiller des votes ça et là ou de sécuriser le vote de certains Français que « l'indiscipline » pourrait tenter, il distribue à tout-va des cadeaux; il n'y a probablement jamais eu de période aussi propice à l'obtention de largesses de la part de l'État...

Explication. Les partisans du oui s'évertuent à dire qu'il faut répondre à la question posée (oui ou non au traité), enjoignent les Français à ne pas être « hors sujet »; ils craignent avant tout que le référendum ne se transforme en plébiscite, c'est-à-dire en une occasion, rêvée pour ce qu'on appelle ici « la France d'en bas » (on n'entendrait jamais une telle expression chez nous... [2]), redoutée pour le gouvernement, de dire merde à ce dernier — Chirac et Raffarin, d'un seul coup. D'où la soudaine générosité de l'État français.

2. Quasi-tangente sur l'expression politique en France (au sens linguistique). Bien sûr, les politiciens français manient la langue de bois comme ceux du reste de la planète. Mais, mais... il me semble qu'une certaine candeur colore toujours les propos de la gent politique française. Lorsque vient le temps de lâcher un petit commentaire, l'autocensure n'est pas toujours au rendez-vous pour empêcher la sortie d'une phrase « risquée » ou, à tout le moins, en tempérer l'expression... Et puis il n'est pas rare de voir un ministre en blaster un autre, sans réel voile linguistique pour recouvrir l'attaque verbale...


Où en étais-je...?

Ehmm, donc, oui. Les partisans du non se divisent — très grossièrement — en deux camps. Les souverainistes (droite) et les antilibéraux (gauche). Bon, je fais pas exactement dans la dentelle, mais ça fait déjà trop longtemps que j'écris... Oublions le non de droite, qui, si je ne m'abuse, ne pèse pas aussi lourd que le non de gauche.

À gauche, le principal reproche que les tenants du non avancent pour justifier leur opposition au traité, c'est la saveur jugée trop libérale de celui-ci. « Libérale » dans son acception économique. Ce libéralisme est directement hérité des traités antérieurs. La Constitution européenne va toutefois très loin dans la définition de principes et de procédures qui détermineraient les contours économiques de l'Union. Principes et procédures parfois très contraignants. Je n'entrerai pas dans les détails.

Les nonistes invoquent bien entendu dix mille autres arguments. Je suggère la lecture de cet article (37 conseils d'ami... à un ami de l'Europe) pour les ultramotivés. Peut-être l'auteur est-il un peu paranoïaque par moments, mais sinon, c'est fouillé, précis.

Les partisans du oui de gauche estiment quant à eux que, même s'il est loin d'être parfait, le traité constitue une indéniable amélioration par rapport aux traités précédents. Ils ne manquent pas de souligner l'inclusion dans le texte de la Charte des droits fondamentaux, de même qu'une certaine démocratisation des institutions politiques de l'Union. Ils avertissent les Français que voter non reviendrait à accepter que perdurent des traités encore plus mauvais (Nice, etc.). Bref, ils ont foi en l'avenir. En somme, ils disent: « Construisons l'Europe et travaillons ensuite à en faire une créature sociale ».

Cette perspective ne satisfait pas ceux qui votent non à gauche.

Honnêtement, je me trouverais un peu mal pris si j'avais à voter à ce référendum. Au départ, j'étais plutôt pour le non... puis pour le oui... puis à nouveau pour le non... Le problème, comme l'ont relevé plusieurs commentateurs, c'est qu'il n'existe (évidemment) aucune possibilité intermédiaire... Pas de « oui, mais... », « oui, mais à la condition que... », « non, si... ». Pas de subtilités. La binarité du processus impose un choix qui efface toutes les nuances d'opinion.

Voilà, résumés très grossièrement, les enjeux principaux de la campagne référendaire.

Comme tout débat politique, c'est parfois fascinant, parfois exaspérant. Je suis la chose avec intérêt; je lis Libé (Libération) de temps à autre, et les hebdos Le canard enchaîné et Charlie Hebdo.

Libé est un quotidien qui a de l'allure, quoique les éditos sont parfois un peu chèvre et chou, un peu frileux. Les articles de fond, par contre, sont généralement très bien.

Il est dommage que l'on n'ait rien de comparable au Canard ni à Charlie au Québec. Le Canard se spécialise dans la révélation de faits embarassants pour le gouvernement ou « le pouvoir en général ». Ils peuvent compter sur une quantité surprenante de sources dans les officines du pouvoir, ce qui permet au lectorat de se régaler (ou de s'offusquer) de déclarations qui devaient en principe rester privées... C'est généralement très bien écrit, rigoureux, parfois très drôle.

Charlie est moins « journalistique » que le Canard, en tout cas, moins traditionnellement journalistique. C'est davantage une collection d'opinions et de dessins. On y tire généralement à boulets rouges... sur à peu près tout ce qui bouge. Parfois, c'est un peu brouillon, mais bon, on leur pardonne... en lisant avec plaisir les nombreuses excellentes chroniques.

4/21/2005

Safari des Pentes


Je vous avais promis il y a quelque temps un safari photo qui rendrait compte de la considérable bauchativité des Pentes de la Croix-Rousse. Chose promise, chose due.

Avant d'entrer de plein fouet dans le vif du sujet brûlant, je vais me délester de quelques photos qui traînaient sur mon disque dur.

Photos pas rap'

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La formulation surprend un peu, vous trouvez pas?

En passant, j'offre mes condoléances aux catholiques qui espéraient l'élection d'un pape « un peu modéré », à défaut d'un pape progressiste, une notion évidemment tout à fait farfelue... En choisissant cet homme « à l'origine de la ferme condamnation de l'homosexualité » (tiré du Devoir d'aujourd'hui), expert dans le noble art de l'écrasement des hérésies, prompt à réprouver ce « féminisme radical » qui s'incarne chez les ceuzes et celles catholiques qui pensent qu'on devrait peut-être examiner — et qui sait, si jamais on se sent l'âme révolutionnaire... — revoir le rôle conféré aux femmes dans l'Église, cet homme qui rappelait aux institutions catholiques qu'il ne fallait sous aucun prétexte déroger de la doctrine de l'Église et « donner l'impression d'approuver des pratiques immorales » (référence) en donnant, par exemple, des instructions d'utilisation de préservatifs dans des zones ravagées par le sida (il ne manque pas de rappeler — invoquant même la supériorité médicale de l'approche prônée par l'Église — que seules les méthodes conformes à la loi de Dieu peuvent empêcher la propagation du sida; il est en effet indéniable que la prêche de l'abstinence aux fidèles africains a fait ses preuves...), en papisant cet homme, donc, les cardinaux réunis en conclave ont jeté leur dévolu sur le nec plus ultra du conservatisme catho... Meilleure chance la prochaine fois? (Qui ne devrait pas être trop éloignée — l'homme a 78 ans...)

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Peut-être que ce cirque a confié sa promo aux gens qui s'occupent des relations publiques au Parti libéral du Québec (« La qualité, notre priorité! »)...? En tout cas, vous pouvez imaginer la joie irrépressible qui s'est emparée de moi lorsque j'ai vu que le cirque Zavatta était dans — MA — VILLE! La perspective de « visiter 60 animaux » excitait en moi une rare fébrilité — la rumeur courait que le « Parcours intestinal » était une attraction incontournable.

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Les commerçants du marché ayant plié bagage, c'est maintenant l'heure du ramassage. Je ne crois pas vous avoir parlé des marchés publics de Lyon. À la Croix-Rousse, il y en a plusieurs — je veux dire qu'il y en a plusieurs fois par semaine. Ça couvre une bonne partie du boulevard de la Croix-Rousse. Il y a le marché traditionnel, le marché bio, le marché de cossins (vêtements, bracelets et dix mille autre trucmuches).

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Prise tout près du Conservatoire.


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À Besançon.

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Un après-midi nuageux sur la Saône.

Les Pentes

Les Pentes de la Croix-Rousse, complément géographiquement inéluctable du plateau de la Croix-Rousse (où j'habite), font partie du 1er arrondissement (le plateau correspond au 4e). Après avoir descendu les Pentes, on trouve, toujours dans le 1er, l'Opéra et l'hôtel de ville.

Je vais procéder par blocs plus ou moins thématiques...

Bloc A

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9931124 4380D4E466 B9931147 E0Fa8Fdbf1 B

Dans le sens habituel...

1. C'est la première photo que j'ai prise au cours de mon excursion. J'ai tenté de dénicher des informations à propos du « Comité Royalis » (ou à propos d'Henri VII), sans succès. Plus tard, j'ai vu une autre affiche du même mouvement — celle-là semblait s'adresser à des étudiants...
2. Des « ateliers socio-esthétiques »? LOL.
3. Avant de débarquer à Lyon, je croyais que le phénomène des crottes était exclusivement parisien. Que nenni...
4. Franchement désopilante, celle-là.
5. Prise sur un site de construction, situé à proximité d'une école. C'est le site connu sous le nom de « Gros Caillou ». Parce que... oui, c'est ça. Un stationnement (signe d'assimilation: mon réflexe était d'écrire
parking...) souterrain est en voie de construction, dans la mesure où on « construit » un stationnement souterrain...

Bloc B

9931044 56Fa492603 B9931055 Cbf4Bc1A54 B9931082 7705928Afc B

1. Je ne me souviens plus trop où je l'ai prise, celle-là. J'hésite entre deux endroits. Informatif, hein?
2. « Sous l'arche », au loin, Fourvière.
3. Autre vue de cette église:

« Bloc » C

9931772 90312Cfe8C B

1. Je ne suis même pas sûr qu'elle soit encore « en activité »...

Bloc D

9930981 B6A34Dc6Be B9931017 5F3336686A B

1. La montée de la Grande Côte.
2. Une « descente étagée » parmi tant d'autres sur les Pentes. Sauf que celle-ci est fleurie.


Bloc E

9932099 Cc7C73F48D B9932122 7846Dc7E24 B9932148 C1Cd3C2249 B
9932182 B80802D025 B9932209 E8931406A4 B

1. Particulier, cette chose (comment appelle-t-on cela?) à l'avant-plan, à gauche...
2. Tout près d'une grande place — photo 2 du
Bloc F.
3. Fond = photo 1 du Bloc I.
4. Si je me souviens bien, la partie « du bas » de la montée de la Grande Côte.
5. La montée Saint-Sébastien.


Bloc F

9932044 163C016A37 B9931987 B863680C77 B9932078 1D28C8847C B

1. Mais, que vois-je? Crebleu, ce sont bel et bien de jeunes joueurs de pétanque en pleine activité!
2. Au loin, à droite, Fourvière.
3. On voit la flèche de l'église du Bloc C; l'immeuble qui la cache, c'est l'École des beaux-arts.


Bloc G

9931795 D38F3961F7 B9931829 B3Dc4D7334 B
9931853 589D4A3F05 B9931873 99964F86B8 B9931885 Da56544596 B9931905 1C45E7F87E B

1. Le maître, le chien, la rue, la place, la rivière, la ville.
2. Quid?
3. Le
haut de la montée de la Grande Côte.
4. Les Français (et les Françaises...) sont maîtres dans l'art du « penché à la fenêtre ».
5. Je ne sais pas s'il me regarde ou s'il porte simplement son regard dans ma « direction générale »...
6. Je cherche un mot en « -phile » qui désignerait une personne qui aime les plantes... mais rien n'y fait, je ne trouve pas... Ridicule. S'il y a un mot pour représenter l'individu qui collectionne les taille-crayons — molubdotémophile —, il y en a forcément un pour les amoureux des plantes, des fleurs... quelque chose! Éclairez-moi SVP, révélez l'énormité de mon bogue linguistique, je désespère!


Bloc H

9931925 5395F6Ab9C B9931952 A90F30D934 B

1. Plein de fenêtres.
2. Bis.


Bloc I

9931420 57B3Aecb66 B9931444 63C763D890 B

1. Ça me semble être une perspective
typiquement pentesque.
2. C'était absolument pas prémédité, mais j'aime bien le « dialogue » rampe/fils du trolleybus...


Bloc J

9931327 Bcdefeb052 B9931303 F3F98Cd91E B
9931275 3D15Fecc07 B9931230 4Eeae05F4E B

1. Comme vous le voyez: une très grande cour intérieure. Me souviens plus du nom...
2. Les méandres des traboules m'ont mené ici. En fait, je crois que c'est pas très loin de la Cour des Vorces.
3 et 4. Cour des Voraces.


Bloc K

9931353 0D69D980E8 B
9931382 Ed3Ee5A324 B9931405 1F771B2918 B

1. Des escaliers comme celui-là, il y en a des tonnes sur les Pentes.
2 et 3. Toujours la Cour des Voraces.


Bloc L

9931511 6Ac3457Cfe B9931573 218Dceafe4 B
9931606 0Ffb1177E0 B

1, 2 et 3. Fort pertinemment, ces graffs sont à proximité de l'École des beaux-arts (si je me goure pas...)


C'est tout les amis!

À la revoyure!

(Ah oui: le FQRSC m'a dit oui... Toutefois: « La bourse vous est cependant octroyée sous réserve du dépôt final des crédits du [FQRSC] et de leur approbation par l'Assemblée nationale du Québec. » Ha.)

4/20/2005

Transsubstantiation


[Version revue, augmentée et dopée d'oméga-3]

Hello!

Ça va chez vous?

Ici, ça va. Ça pleut pas mal, par contre.

Il ne me reste plus qu'un cours de piano... L'idée est de travailler un peu le Murail (Territoires de l'oubli). Pour la première fois depuis que je suis ici, j'ai réellement le temps de m'y consacrer. Enfin! C'est le fun à travailler. Ça sonne bien!

Par contre, une certaine frustration (et donc, par riochet, une certaine démotivation) finit immanquablement par me gagner lorsque j'atteins la marque de, disons, deux heures de travail. Il suffit d'une rapide évaluation de la situation pour me rendre compte que les petits patterns d'une douzaine de notes que j'ai minitieusement décortiqués et répétés ne sont manifestement pas encore intégrés... Cue l'entrée de la frustration. Une partie malicieuse de mon esprit ne manque alors pas de relever que cette frustration semble être le seul résultat tangible de mes efforts... Face à cet outrage, mon côté raisonnable, drapé dans une indignation dont il conserve jalousement le secret, explique benoîtement que les fruits de ce travail se manifesteront ultérieurement. En temps et lieu, quoi. Enfin, j'ai le droit de savoir, non: en quoi mon labeur s'est-il réellement transmuté? Il paraît tout aussi impossible de répondre à la question que de sonder les impénétrables mystères de la transsubstantiation...

(Il s'agit de la doctrine chatolique [j'ai décidé de conserver cette amusante coquille...] selon laquelle, dans l'eucharistie, le pain et le vin sont réellement transformés en la substance [joli concept hérité de Platon...] du corps et du sang du Christ. La perspective luthérienne, dite de consubstantiation, apparaît beaucoup plus raisonnable: elle considère que le Christ coexiste avec la substance du pain et du vin — bref, ces derniers continuent d'exister [si, si!]. Le sympathique Suisse répondant au doux nom de Zwingli contesta ces deux visions en prétendant que « le Christ n'est pas corporellement présent dans le pain et le vin au moment de la communion [mais qu'il se trouve plutôt] dans le coeur, l'esprit et la vie de ceux, rassemblés, qui les partagent. » Non, mais... Quel hérétique !

Je profite de cette parenthèse théologique pour vous rappeler le sort qui vous attend si vous n'adhérez pas au dogme catholique de la transsubstantiation: « Si quelqu'un nie, que le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec son Ame, et la Divinité, et par conséquent Jesus-Christ tout entier, soit contenu véritablement, réellement, et substantiellement au Sacrement de la Très-Sainte Eucharistie ; mais dit, qu'il y est seulement comme dans un signe, ou bien en figure, ou en vertu : Qu'il soit Anathème. »)

(Deuxième parenthèse: au café, j'entends présentement la toune Homeless, de l'album Graceland de Paul Simon [courtoisie de Radio Paradise, plutôt bonne radio internet qui est diffusée ici]. Une chorale africaine qui se délecte des mélodies délicates de Paupaul. Ça fait vraiment du bien d'entendre ça. D'abord parce que ce sont de merveilleux petits joyaux. Et puis parce que ça insuffle vie à tout un pan de souvenirs plus ou moins empoussiérés. Ce sont des chansons que j'ai beaucoup entendues dans ma jeunesse... [Je m'octroie l'autorisation d'employer ce terme — eh oui, ça fait maintenant un quart de siècle que je foule le sol de cette planète et que je respire son air... Le fait que mon existence soit répartie — inégalement, pour l'instant, mais tout de même — sur deux siècles est par ailleurs assez commode: ça atténue un peu le poids des années, non? Ou plutôt, ça en donne l'impression. Je pourrai, « au crépuscule de ma vie », dire des trucs comme « J'ai vécu dans le [épithète ridiculement réducteur] XXe siècle et dans le [épithète ridiculement réducteur] XXIe siècle. »] Je me rappelle le contentement alors éprouvé lorsque, assis en voiture, j'entendais une chanson qui s'était taillé une place dans mes affections... À partir de là, les réminiscences les plus diverses cascadent, sans dureté, toutefois, comme perçues depuis le lointain — ce qui, hmm, est exactement le cas...

Vous allez vouloir me tuer, mais je vais me lancer dans une autre digression. Ces derniers temps, je m'efforce d'aborder la musique — en tant qu'auditeur — sous le rapport le plus « virginal » possible. C'est-à-dire. C'est-à-dire que je cherche à retrouver l'attitude d'ouverture totale qu'a un enfant face à la musique. Enfin... c'est déjà un travestissement que d'utiliser ces termes. Peut-être vaudrait-il mieux parler de « non-attitude »... Mais ça fait très postmoderne — en d'autres mots, c'est chiant. En tout cas. Tout jeunes, nous n'avons que faire de la pléthore de paramètres extramusicaux qui teintent plus souvent qu'autrement le jugement d'une personne plus âgée. De plus, nous n'avons pas encore développé ce fatras esthétique indéfinissable qu'on appelle le goût. Xenakis, Jordi, Bach, etc.: tous jugés sur un pied d'égalité. Pas d'a priori. Un appétit de la découverte toujours renouvelé. Ne s'agit-il pas là d'un portrait fabuleux? Si si, m'assurez-vous. Mais, du même souffle, vous vous inquiétez du fait que la mise au rancart des expériences esthétiques passées vous priverait d'un précieux outil d'appréciation. En somme, retourner à cet état esthétique « primitif » reviendrait à abandonner les moyens d'appréhender toute la richesse d'un art donné, acquis au fil de nombreuses années de fréquentation — et peut-être même carrément d'étude — dudit art. Mais c'est que vous avez raison, encore une fois! Hmmm... les choses se corsent. J'entends les voix qui s'élèvent, déchirées, implorantes: « Mais Guillaume, que faire devant une crise esthétique de cette envergure? » Avant toute chose, consommer beaucoup d'oméga-3. Ensuite, vous procurer mon plus récent ouvrage, La dialectique du goût, en vente dans les deux ou trois librairies que j'ai réussi à soudoyer pour qu'elles tiennent le bouquin. Sérieusement, ça ferait un bon sujet de réflexion, non? Et le titre? Ça a de la gueule, hein? Évidemment, la prétention d'être capable de revenir à un état d'appréciation esthétique « primitif » est complètement risible, puisqu'irréalisable. Mais ça ne nous empêche pas de tenter d'en retrouver certains aspects, n'est-ce pas? Mais n'est-ce pas faire preuve d'une grave naïveté que de penser pouvoir « en retrouver [seulement] certains aspects » ? Etc. Voyez: c'est prodigieusement intéressant.

Je vous dis ça entre autres parce que je m'intéresse de plus en plus à la musique pop. Pas la musique populaire dans sons sens large, non, vraiment, la musique pop. C'est toutefois un fragment bien réduit qui retient mon attention, je dois le reconnaître — je n'écoute pas secrètement Cité-Rock Matante... En fait, ce qui me fascine, c'est le transfert de pratiques associées, à l'origine, à une musique plus expérimentale (je me réfère surtout à la musique électronique) vers une musique qualifiée de pop. La même chose se produit aussi en sens contraire. Si je prends l'exemple de la musique électronique: celle d'allégeance, disons, alternative se popifie considérablement (de plus en plus, le minimalisme « de Cologne » cède le pas à des musiques structurées comme des chansons; la voix, les paroles deviennent incontournables) tandis que la musique électronique pop est sérieusement weirdifiée par des réalisateurs abreuvés aux sources de la musique (jadis?) expérimentale. Dans certains cas, les frontières ont été si « cavalièrement » transgressées que « l'étiquette opposée » semblerait nettement plus appropriée...

Wow, maintenant [c'est-à-dire beaucoup plus tard... et le pire, c'est que ça ne prend même pas en compte les deux paragraphes précédents, qui ont été écrits après celui-ci], c'est l'übergénial Nick Drake qui joue au café. Je suis gâté! Si vous ne connaissez pas le bonhomme, eh bien je suis d'une certaine façon envieux de votre situation, puisque le privilège de découvrir cet artiste incroyable vous est encore accessible... Une voix envoûtante qui semble hors du monde. Ai-je déjà dit « artiste incroyable » ? Oui? Parfait. Courez vous procurer les trois disques qu'il a enregistrés durant sa vie [il est mort à 26 ans; sa disparition, de même que celle de Jeff Buckley représentent deux des pertes les plus tragiques de l'histoire récente de la musique]: Five Leaves Left, Bryter Later et Pink Moon. Vous ne le regretterez pas, c'est promis.)

A---lors...... Je parlais de quoi, déjà? Hmmmouais, Murail. Donc, Murail = top cool, mais top long à assimiler. Corporellement.

Je sais donc pas trop jusqu'où je vais pouvoir me rendre pour mon cours... Anyway, pratiquons autant que possible... et advienne que pourra! C'est la devise de l'instant. D'ailleurs, je n'ai plus la moindre difficulté à trouver un piano, puisque le Conservatoire est actuellement en période de vacances — les activités reprennent au début de mai. C'est franchement agréable comme situation...

4/13/2005

Pouish


Voix caverneuse de l'ubiquiste annonceur du cinéma — vous savez de quoi (ou
de qui...) je parle:

From the creators of Ouh and Argh!
comes an epic the likes of which you've never seen...
(à l'écran: survol aérien d'une rivière, en accéléré; facultativement, un « discret » swoosh sonore pour accompagner les images...)
In a city where [bla-bla]
One man must [bla-bla]...
(à l'écran: la caméra pivote sur elle-même au milieu d'une intersection grouillante de piétons... ou encore... une caméra tourne autour d'un personnage planté au milieu d'une intersection grouillante de piétons; dans son regard, un savant mélange de confusion et de détermination [si, si!])
... and face what could be the bbb-iggest challenge of his life.
(bande sonore: un gros bang... puis, percussions « tribales », où chaque accentuation marque l'apparition d'un nouveau plan;
à l'écran: montage rapide, régulier [en fonction desdites accentuations]; culmine sur un brusque silence qui prépare une « tirade » oscarisable de 8 secondes — le personnage principal, filmé en gros plan, crie à la caméra:)
« This is... this is unbelievable! Have you even thought for a second about what this could mean to me — to us ? »
(idéalement, c'est filmé caméra à l'épaule — pour rendre compte de la détresse morale du personnage)

Hmmm... C'est prometteur, hein?

Pouish

Aujourd'hui, un cours de piano un peu pouish... Conséquence: un mood un peu pouish.

On travaillait le dernier mouvement du concerto. En un peu moins d'une semaine, j'étais parvenu à finir de le lire. Lors de mes dernières séances de pratique, les choses se passaient relativement bien — j'étais même plutôt satisfait du résultat.

Une des raisons pour lesquelles je dis « même », c'est que les derniers jours ont été plutôt particuliers, pour employer une expression consacrée... Zombiesques et en dents de scie. J'ai été frappé pendant la fin de semaine par un autre (oui, un autre!) sale virus — apparemment, mon organisme n'était absolument pas familier des souches virales qui sévissent en France... (Une vague de froid saisissait Lyon depuis quelques jours; ça s'est un peu adouci depuis.) De tous ceux que j'ai contractés (trois, je pense...?), c'est probablement le virus qui a peaké le plus fort, mais il ne m'affectait pas constamment; ainsi, durant la nuit, ma fièvre pouvait atteindre un niveau suffisamment élevé pour que je sois pris de convulsions, alors que plus tard dans la journée, j'étais en mesure de vaquer à mes occupations de façon à peu près sereine (en fait, ce que j'éprouvais alors s'apparentait probablement davantage à un état passager d'anesthésie qu'à une véritable sérénité).

En dépit d'un abattement considérable au moment du réveil (et dans les pénibles minutes qui suivaient), donc, je parvenais — Dieu sait comment — à me traîner jusqu'au Conservatoire. Il me fallait produire, il fallait des résultats; je me donnais comme objectif de terminer mon concerto, de le rendre à peu près jouable pour mon cours... Curieusement, mes séances de pratique étaient efficaces — malgré le virus. Je travaillais dans une sorte d'état second (d'où la qualification « zombiesque »), mais pas dans le vide. J'étais tout à fait concentré on the task at hand, mais, en même temps, j'étais dans les vapes. Étrange sensation, vraiment.

Bref, dans les circonstances, j'étais passablement content du boulot abattu.

Sauf qu'à mon cours, les choses ne se sont pas déroulées aussi rondement. En fait, au début, c'était « correct »... Et puis Géry/M. Moutier (je ne sais pas trop comment l'appeler dans le contexte de ce blogue...) semblait en très bonne forme. Progressivement, les choses se sont gâtées. Jusqu'à atteindre quelque chose de lamentable. Le résultat correspondait à... hmmm... pas plus de 10% de ce que j'arrivais à faire lors de mes dernières séances de pratique... Bon, ça arrive, c'est la vie...

Fillon et les lycéens

Je vous ai déjà parlé de la grogne des lycéens français/de la loi Fillon? Je crois n'avoir fait qu'effleurer le sujet.

Résumé des événements

En janvier, le Conseil des ministres adopte un projet de loi « d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École » (c'est son nom). Vive opposition chez les lycéens. (Le lycée, c'est trois années de formation où sont offertes trois filières d'enseignement: générale [se divise à son tour en séries: littéraire, économique et social, scientifique], technologique ou professionnelle. Les élèves des lycées ont de 15 à 18 ans.) Je n'entrerai pas dans les détails de leurs revendications — c'est un peu labyrinthique pour le non initié; vous pouvez lire cet article (le meilleur que j'ai trouvé) si vous voulez en apprendre davantage. Je vous invite par ailleurs à lire ce « justificatif » déployé dans un appel à la manifestation:
• Parce que nous refusons une école qui serait une entreprise,
• Parce que nous refusons une école à deux vitesses,
• Parce que nous voulons que chacun puisse réussir,
• Parce que le ministre de l'Education est insensible aux messages de la rue,
• Parce que demain l'école sera dirigée par les Patrons
Ça vous semble familier comme discours...?

Plusieurs manifs sont donc organisées. En réaction à la protestation des lycéens, François Fillon, ministre de l'Éducation (j'abrège le titre), retire de son projet de réforme le volet qui touchait au bac (le diplôme obtenu en bout de ligne). Il souhaitait instaurer un « contrôle continu », qui aurait remplacé l'examen national du bac.

Proteste, proteste, proteste. Manifeste, manifeste, manifeste. Puis, le 24 mars, le gouvernement adopte — dans l'urgence... — la loi Fillon — la droite (UMP et UDF) approuve ou s'abstient, la plus ou moins gauche vote contre (PS, PCF).

Malgré l'adoption de la loi, les lycéens continuent de manifester. Les deux grands syndicats étudiants (la Fédération indépendante et démocratique lycéenne [FIDL] et l'Union nationale lycéenne [UNL]) ont pour ainsi dire jeté l'éponge; cela n'empêche pas plusieurs étudiants de continuer de mettre en oeuvre différents moyens d'action, sous l'égide d'une Coordination nationale ad hoc. Extrait de l'article:

« La Fidl et l'UNL se posent en syndicats légitimes. Mais ça fait deux semaines qu'ils nous ont lâchés ! », persifle Pauline, membre de la Coordination nationale des lycéens. Dépassées par leur base, les deux organisations lycéennes ne sont en effet plus sur le devant de la scène.

Ça vous rappelle pas un peu quelque chose?.... prise deux. Pour reprendre une formule pratique d'un autre article de Libé, « la contestation lycéenne se radicalise à mesure qu'elle se marginalise. » Blocages de « bahuts » (écoles) et d'autres institutions. Forte répression policière — les CRS fessent joyeusement dans le tas. Déjà vu, part 3...?

Je termine en vous montrant quelques photos que j'ai prises lors d'une manif lycéenne à Lyon. C'était à la mi-mars, avant l'adoption de la loi.

Départ de la manif, place Bellecour:

6388934 00A18E86De B

Deux lycéens grave foncedé!

6388953 4Bb4B6B855 B

Comment ressortir du lot:

6388964 370Ca3708F B

Sur le pont:

6388976 E47D33Eed8 B

C'est tout pour aujourd'hui les amis!