V pour victoire, visa
J'ai réussi à obtenir mon visa aujourd'hui!
Le consulat de France est un drôle d'endroit...
Avant même que je ne m'approche réellement de l'entrée du bureau, un employé m'adresse la parole; c'était probablement une formule de bienvenue, je ne me souviens plus trop, mais le ton de la voix et la gestuelle — nullement agressifs, mais possédant tout de même un fort pouvoir "haltant" — semblaient presque indiquer que le message réel était "Pas un mouvement de plus!". Je vous jure! Avant que je puisse entrer, il me soumet à un petit questionnaire; on croirait que je visite un entrepôt d'armes nucléaires. Enfin, j'imagine que c'est tout à fait normal, mais ça surprend quand même un peu. Surtout qu'ensuite, après être passé à travers un détecteur de métal, la salle d'accueil que l'on gagne évoque davantage une agence de voyages que la DGCSE.
Étant arrivé plus tard que ce que j'avais planifié (une heure avant la fermeture — 12h!) et ayant préalablement entendu l'histoire d'un employé de la Maison internationale qui avait dû se pointer à 7h30 (!) pour obtenir son visa français — bien avant l'ouverture, pour ne pas être repoussé à la fermeture du consulat —, je croyais que j'aurais de la difficulté à avoir une "audience". Mais, sur place, je constate qu'il n'y aura pas le moindre problème: l'endroit est presque désert, curieusement.
Donc/bref/finalement, le fameux SCAC qui devait viser un de mes documents était bien basé à Montréal. Fiou. Je fais part à la représentante de la confusion qui m'avait saisi en lisant les instructions sur internet, lui expliquant que j'avais cru un moment que le document d'admission devait être visé en France. Ce à quoi elle réplique: "Mais vous êtes en France, ici." Je lui dis que je suis au fait du statut territorial particulier dont bénéficie le consulat — la France au 1, Place Ville-Marie, 26e étage... — et abandonne le sujet de la limpidité des instructions fournies, décidant que, finalement, il valait mieux que je réduise au strict minimum mes interventions, afin de minimiser les possibilités de complications/dérapage... Dérapage qui me semblait bel et bien possible lorsque, après un appel infructueux au CNSMD de Lyon, elle m'avertit qu'il faudrait peut-être faire une demande pour un autre type de visa. Argghh...?
Après cet entretien, je "passe aux visas". Le fonctionnaire qui y officie me pose les quelques questions d'usage (parfois répétées — mon cas l'intéresse selon toute évidence beaucoup moins qu'une histoire compliquée de Français divorcé, apparemment plus stimulante que ma vulgaire demande de visa étudiant, et qui requerra de façon intermittente son attention de même que celle de deux de ses collègues). Il se permet même quelques quasi-gags ou, en tout cas, quelques questions légères ("Alors, vous êtes un bon pianiste?"). Encore une fois, j'ai craint à quelques moments que le visa ne me file des doigts, une impression déclenchée notamment par des tapotements irréguliers sur son ordinateur ou une éjection impromptue de sa chaise vers une pièce hors de mon champ de vision. Mais, bonheur, enchantement, il appose finalement l'autocollant tant convoité sur mon passeport (il reposa toutefois certaines questions, suscitant de nouveau anxiété et désarroi chez moi; il me semblait que quelque détail qui aurait pu invalider tout le processus lui avait peut-être échappé — mais, non, il s'est avéré que c'était une fausse alerte). La période qu'il m'a finalement accordée pour le visa s'étend jusqu'à juillet, ce dont je n'avais pas du tout besoin puisque mon billet pour le vol de retour (en mai) est déjà acheté. Qui sait si c'est une pratique courante ou si c'était pour lui une façon de manifester une certaine bonté fonctionnarienne...?
Vu aujourd'hui:
Closer (Mike Nichols; 2004 [adaptation d'une pièce de théâtre])
Quand j'ai appris que Mike Nichols (The Graduate, etc.) effectuait un retour au grand écran après une escapade dans l'univers télévisuel (chez HBO), il était clair que je me devais absolument d'aller voir son film.
Petite parenthèse sur ladite escapade télévisuelle, qui a donné naissance à deux superbes téléfilms inspirés de pièces de théâtre: "Wit" et "Angels in America". Le premier traite d'une prof. (voyez comment j'élude habilement la question de la féminisation des titres professionnels) de littérature réputée — Emma Thompson — aux prises avec le cancer et le second présente une galerie de personnages dont les vies sont profondément affectées par la crise du sida qui décime alors, en pleine ère Reagan, la communauté homosexuelle. Deux superbes films, magnifiquement écrits et admirablement joués — Angels in America, en particulier, dans toutes ses 6 heures grandiloquentes, est assez sidérant. Lisez la critique vers laquelle pointe le lien pour une description plus détaillée. Et puis louez le film.
Donc, tout cela m'avait mis l'eau à la bouche. En plus, les critiques étaient bonnes, la distribution, intéressante (Jude Law, Natalie Portman, Julia Roberts, Clive Owen). Je n'ai pas été déçu. Ça n'atteint pas les incroyables sommets des deux autres films — mais ça, on peut difficilement le lui reprocher... Ce qui me dérange un peu, c'est la structure "exhaustivement fastidieuse" qu'adopte le film... (voici les couples A-B, C-D; puis on glisse graduellement vers une interversion; et on intervertit encore...).
Tangente sur la jolie Natalie Portman: super job... et c'est le deuxième film très intéressant auquel elle participe cette année seulement, le premier étant l'inégal mais surprenant "Garden State". Elle semble se construire une belle filmographie, ces temps-ci: collaborations avec Tom Tykwer ("Lola rennt", "Der Krieger und die Kaiserin") et Richard Linklater (qui a sorti cette année un charmant "Before Sunset") — on met de côté les droïdes désincarnés.
En cours d'écoute:
Set "Sviatoslav Richter In Concert" (5 CDs) d'une collection "Historic Russian Archives" du label ultrabudget Brilliant Classics. Sonates de Beethoven, Schubert et Liszt.
2 commentaire(s):
Le premier traite d'une prof. (voyez comment j'élude habilement la question de la féminisation des titres professionnels)Heh. Ça m'a fait pouffer de rire dans mon café ;)
Ouais donc Guillaume, je vois que tu as un de ces nazi-blogues qui m'affirme que je n'ai pas d'identité lorsque je fais un commentaire (well no, Sir, I don't have a Blogger account. But I really exist, I swear!) (remarque qu'au moins Blogger ne me traite pas de "Anonymous Coward" à la Slashdot) (bof tu sais je me plains et tout mais LiveJournal fait exactement la même chose. Je me la ferme, là).
Tes trois premiers billets sont super divertissants! Est-ce que tu screen (équivalent français?) les commentaires ou ai-je réellement l'honneur d'écrire le premier?
Bonne année!
-mf
Tu as; c'est totalement non censuré/non surveillé/non supervisé (d'ailleurs, n'essayez pas ça à la maison, les enfants, ce comportement hardi pourrait, en déclenchant une suite complexe d'actions dont je vous épargne l'énumération et l'explication, provoquer des vapeurs toxiques qui amenuiseraient vos aptitudes de mélange de gouache) — en fait, c'est à peine si j'en fais la lecture, alors, tu comprends...
Sur ce, je te souhaite une excellente année, remplie de.... hmmm... lapins? (C'est bon ça, non? Qui n'aime pas les lapins, hein, dites-le-moi...?)
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