Chronique librement bourgeoise
Vous allez bien? « Quoi de neuf et d'excitant? » Quoi? Qu'ouïs-je? Vous avez entrepris de prendre soin de plantes incurables, ignorant ce faisant toutes les exhortations à l'effet contraire que des âmes insensibles avaient fait pleuvoir sur vous? Vous vous êtes appliqués à ne pas heurter la sensibilité des écureuils neurasthéniques sur lesquels votre regard s'est posé en vous efforçant de ne pas charger ce dernier d'interrogations trop lourdes à supporter pour le tristounet mammifère? Je vous salue bien bas; tout cela vous sera rendu au centuple, avec intérêts composés, en un moment jugé opportun par le Grand Tribunal karmique (sis dans la charmante bourgade d'Idaho Falls).
Les nouvelles de vous ayant été prises, il me revient maintenant de vous en fournir quelques-unes de moi.
Je reviens donc de Freiburg — et, du coup, d'Allemagne (sud-ouest, dans le Bade-Wurtemberg; ne me demandez pas plus de précisions toponymiques...). Huit étudiants de la classe de M. Moutier (Géry de son prénom) étaient du voyage (ainsi qu'Herr Moutier lui-même).
D'abord, un vol dans un petit avion Regional d'Air France (depuis l'aéroport de Saint-Exupéry, à Lyon). Après une heure de vol, arrivée à Mulhouse (toujours en France). Ensuite, après un bref déplacement en navette, nous avons pris le train à Basel, en Suisse, qui nous a mené jusqu'à Freiburg (à peine 45 minutes).
Avec votre oeil de lynx/de consommateur de carottes/de personne ayant une vision 20/20, vous avez assurément remarqué que le mot « Suisse » fait une furtive apparition dans la dernière phrase. Vous aurez également établi un parallèle avec une occurence antérieure du mot — plus précisément, dans l'entrée précédente.
Il se trouve que je n'ai pas l'insigne honneur de posséder la citoyenneté française. Flashback. Lors d'une discussion préliminaire que j'avais eue avec Géry à propos du voyage, il m'avait demandé si j'étais « autorisé », diplomatiquement parlant, à séjourner à Freiburg. Je me disais (et lui disais) qu'il n'y avait pas de problème, grâce à ces braves types qui nous ont donné l'espace Schengen. Je ne savais toutefois pas que le voyage impliquait un (très bref) transit par la Suisse (Basel, ou Bâle pour les intimes). Or, la Suisse ne fait pas partie de l'espace Schengen. Fin du flashback. Pendant le voyage, j'apprends qu'une des étudiantes, de nationalité ukrainienne, si je me souviens bien, doit effectuer un autre trajet pour éviter de transiter par la Suisse. L'inquiétude me gagne l'espace/temps d'une durée momentanée et passagère; des visions d'horreur de douaniers suisses moustachus (ne demandez pas pourquoi) assaillent mon esprit et se succédent vertigineusement en un kaléidoscope hallucinatoire d'une violence inouïe. Bouah. C'était pas beau à voir, je vous assure. Finalement, lorsque nous avons traversé « l'espace douanier » de la frontière franco-suisse, les autorités ont manifesté autant d'intérêt à nous « contrôler » qu'une langouste à s'engager dans une discussion sur le Tractatus de Wittgenstein. Bref, ils nous ont carrément regardé passer sans remuer le moindre petit doigt (je dois toutefois confesser que je ne portais pas mes lunettes à ce moment).
À l'arrivée, tout le contingent d'étudiants de la classe du professeur fribourgien (Gilead Mishory, d'originie israélienne, comme le nom l'indique... un peu) était là pour nous accueillir! Souper dans une pizzeria « encavée »; distribution d'un kit de survie fribourgien (argent de poche, billet d'opéra, billets de tram, etc. — nous n'avons pratiquement rien à débourser pour tout ce voyage!); éreintantes (mais parfois hilarantes) tentatives de discussion avec les étudiants de Freiburg. Il me faut préciser qu'un bon nombre de ces derniers ne sont pas exactement germaniques... Plusieurs Coréennes, un Japonais, un Grec, probablement un autre de nationalité asiatique, etc. Donc. Primo, nous, contingent lyonnais, ne parlions généralement qu'un allemand plus ou moins composé d'un amas de balbutiements, that is, si nous parlions allemand at all. Secundo, un contingent fribourgeois renfermant très peu de « véritables » Allemands. Tertio — et cela m'a quelque peu surpris — la connaissance de l'anglais des fribourgiens non allemands était très limitée. Quarto. Des accents all over the map (à la fois chez les « Lyonnais » et chez les « Fribourgeois »). Donc, des conversations laborieuses, où se glissaient quelques quiproquos hilarants.
(Faut que j'y aille... La suite plus tard.)
(De retour... à partir d'une nouvelle base opérationnelle. C'est un autre café, plus près de chez moi, ouvert plus tard. Mais, en contrepartie, c'est plus petit et il semble que la connexion internet est moins rapide. Les deux endroits sont fort différents. Celui d'où j'écris présentement s'appelle Modern Art Cafe. Il y a un DJ [jusqu'ici, la musique va de bon à sérieusement excellent — un remix d'Emerge {Fischerspooner}, du LCD Soundsystem, des trucs inconnus, etc., rien de mauvais], des projections vidéo [ce soir, en toile de fond, The Trip, film psychédélique de 1967 qui m'était parfaitement inconnu, puis des bouts de vidéo diverses; hier, en passant devant la vitrine, j'ai aperçu la fameuse animation du bonhomme dessiné à la craie, vous savez?], des installations, etc. Nettement plus branché comme endroit. L'autre café, le Café du bout du monde, diffuse la musique d'une radio internet, généralement fort bonne au demeurant [la première fois que je suis entré dans le café, Fake Plastic Trees jouait — je pouvais difficilement demander mieux...]; l'ambiance y est plus relaxe, le café, un peu moins cher. Il y a des expositions de photos et des spectacles jazz le vendredi soir. À partir de maintenant, je vais probablement alterner entre les deux endroits — le Café du bout du monde durant le jour, le Modern Art, le soir...?)
Reprise du fabuleux récit fribourgien.
Après avoir gouloûment avalé un repas fort satisfaisant (où officiait un serveur qui aurait manifestement préféré ne pas avoir à dealer avec un groupe aussi nombreux et aussi problématique...), il était devenu impératif de régler certaines questions pratiques (hébergement, fonctionnement des classes, etc.). Non sans un certain chaos, les choses ont fini par se placer. Je logeais, avec un autre étudiant, chez une Autrichienne très sympa; en plus, elle parlait très bien anglais, alors la communication ne présentait pas de problème, du moins pour moi. Nous avons plus tard rencontré sa coloc, aussi pianiste, qui vient de Madrid. Elle parlait français et était tout aussi cordiale. Chose amusante, elle a connu une pianiste qui étudie maintenant à la Fac de musique à Montréal (Ruxandra). L'appart était tout en haut d'une maison — il fallait donc veiller à ne pas se cogner sur le toit en angle...
Voici deux autres images de la ville — la première près du centre de la ville, la seconde près du logement de nos « hôtesses »:
De gauche à droite: Coralie, Nicolas, votre humble chose, Alyssa (tous from Lyon).
Dans un café, avec un Herr Moutier vachement sérieux... (Alyssa, Coralie, Nicolas, Géry) Après une visite d'un musée assez impressionnant (plein de tableaux/sculptures/tapisseries/meubles/etc. de la Renaissance et d'avant; je ne suis pas convaincu que l'archevèque avait fait voeu de pauvreté..).
En face de l'entrée de la Hochschule. Le noeud papillon est vraiment super. Dans l'ordre: Victoria, Bertrand, Alyssa, Christia, création neigeuse anonyme, Nicolas, votre humble chose, Monsieur Hochschule, Coralie.
Pas mal, quand même, non?
Peu avant le départ, mon « coloc » Nicolas, entouré de nos « hôtesses » Katharina et Marta, dans des états divers d'ensommeillement...
(Je m'arrête ici pour ce « soir »; mais le compte rendu n'est pas terminé, oh que non — loin de là; entre autres choses, je n'ai toujours pas raconté une anecdote assez mémorable. Tschüss!)
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