Rhétorique bourguignonne
Épinac, vous connaissez?
Non? Mais quel genre d'éducation dispense-t-on à notre jeunesse, de nos jours, je voudrais bien qu'on me le dise! (Mais c'était une question rhétorique, bon sang! Qu'avez-vous à ânonner une réponse? Ne vous a-t-on rien appris à l'école? [Rincer et répéter.])
Épinac, donc, si vous ne le saviez pas déjà (franchement, vous devriez), c'est ce fleuron de Saône-et-Loire où mon épopée TGV m'a ultimement conduit.
Il serait opportun de faire un petit crash course de géo française avant de poursuivre le tourisme virtuel. La Saône-et-Loire constitue un des 100 départements que compte la France (96 métropolitains et 4 d'outre-mer). Elle fait partie de la Bourgogne, qui est une région (il y a en tout 22 régions; sachez aussi que la Bourgogne regroupe quatre départements). Le département se subdivise en arrondissements (à ne pas confondre avec les divisions internes des villes de Paris, Lyon et Marseille — elles aussi appelées arrondissements —, bien sûr), puis en cantons et finalement, en communes. Comme il y en a en titi, en France, des communes (près de 37 000), et comme 90% des communes comptent moins de 2 000 habitants, une volonté politique d'encadrer et de faciliter les fusions a un jour émergé, ce qui a donné la loi Marcellin de 1971. Le programme n'a jamais vraiment décollé: on prévoyait au départ 3 500 fusions — dix ans plus tard, il n'y en avait eu que 810. Imaginez-vous donc que les petites communes souhaitaient préserver leurs prérogatives. Shocking, n'est-il pas? (Aha! C'était encore une question rhétorique!) Quelle aberration! Ce n'est pas au Québec qu'on aurait des chicanes de clochers comme ça! Aîné houé... Ce qui s'est plutôt produit, dans plusieurs cas, c'est la création d'établissements publics de coopération intercommunale ou encore des sociétés d'économie mixte.
Maintenant que je vous ai abreuvé de connaissance (faut bien que quelqu'un se charge de la sale besogne, vu l'état lamentable des choses...), directement tirée de mon puits sans fond d'érudition(*), nous sommes en mesure de continuer.
(*Toute ressemblance dudit puits avec le site encyclopédique Wikipedia serait entièrement fortuite. Plus que cela: si vous en veniez à constater certaines identités textuelles, vous récolteriez probablement là le fruit d'une imagination errante et — disons-le sans ambages — malade. Songez à vous faire soigner. Vraiment. Un conseil d'ami. Qui veut simplement votre bien.)
Voici un exemple de paysage de Saône-et-Loire:
Évidemment, ce cliché ne révèle qu'une perspective — et ce n'est probablement pas la plus impressionnante qui soit. Mais c'est la seule photo paysage de l'endroit que j'ai à vous montrer. Et puis, de toute façon, je ne crois pas que l'on puisse qualifier le paysage de ce coin d'impressionnant. Ou à tout le moins, s'il impressionne, ce n'est pas immédiatement, par l'assaut d'une théâtralité impériale qui vous fige le sang, mais plutôt après coup, lorsqu'on constate, un peu hébété, tout le terrain psychique qu'il est parvenu, par l'infiltration souterraine de sa sérénité, à occuper.
C'est donc nuitamment que nous nous sommes introduits, Laure, Étienne et moi, dans la demeure épinacienne (j'invente — je n'ai pas la moindre idée du gentilé associé à la ville). En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit d'une demeure épicurienne. Dès l'arrivée, bouffer s'est imposé comme un acte de première nécessité. Malgré que mon organisme fut parfaitement repu, j'ai, après m'être fait vanter les vertus de la cuisine de la maison, finalement cédé au boeuf braisé (pendant 9 heures...)
[Arggh... j'étais rendu un peu plus loin dans mon entrée, mais pour une raison mystérieuse, Blogger s'est arrêté ici...]
Le lendemain, après un petit déj solaire (il a fait un temps fantastique tout au long de mon escapade), mon frère et moi avons convenu de faire une petite balade en bagnole dans les environs.
Je vous offre en témoignage de cette promenade... (D'ailleurs, je viens de réaliser que la taille des images accessibles en cliquant sur la version réduite [thumbnail] était beaucoup plus petite que ce que je croyais. Je n'avais jamais vraiment vérifié, je crois... Oups... J'ai changé de technique: maintenant, une version large apparaît en popup — c'est toutefois déconseillé pour les connexions lentes...)
... le château de Sully:
(Il y aussi dans les parages un château de Couches, ce qui, avouez-le, est assez rigolo.)
... des boeufs charolais en train de se gratter contre une clôture:
(J'ai aussi une séquence vidéo qui capture ces bêtes en pleine action; je n'ai malheureusement pas d'espace pour l'entreposer.)
... un arbre dévoré par le gui:
(Il y en a partout, dans la région.)
Ensuite, retour à la casa Épinac. Au menu du déjeuner: foie gras et compote de figues pour lancer les hostilités, accompagné par un Sauternes (bah, pourquoi pas?); puis les restes de la veille (le boeuf et un autre truc — c'est ce que j'ai pris et je ne m'en souviens curieusement plus [c'était très bon, en plus]), accompagné de deux excellentes bouteilles de la région. La discussion ayant à un moment donné débouché (pardonnez le calembour non intentionnel) sur le sujet du vin (surprise!), la mère de Laure nous propose de goûter un vin blanc utilisant le cépage savagnin pour nous donner une approximation de ce qui est connu sous le nom de « vin jaune ». C'est un vin issu du Jura, vraiment insolite. Je n'y ai pas goûté, mais si c'est aussi bon que le savagnin (et c'est supposé être meilleur), ça doit être quelque chose.
Un peu plus tard, nous prenons la route pour aller rencontrer des amis de Laure. Partout, des vignes:
Nous faisons un bref arrêt à Beaune (dans le département de la Côte-d'Or, toujours en Bourgogne).
Une cathédrale (j'imagine que c'est une cathédrale...):
Une rue vraiment, tsé genre, cool:
Un ancien viticulteur recyclé dans la sculpture avec qui j'ai fait un brin de causette (il était intarissable — sans être gâteux):
(Je lui avais demandé si ça l'embêtait que je prenne des photos; il m'avait répondu que ça allait... mais il était évident que l'appareil photo l'intimidait un peu — ce n'est toutefois pas apparent sur ces clichés.)
Une gargouille menaçante:
Vroum, vroum, vroum... Un deuxième arrêt, à Arc-et-Senans. Nouveau département (le Doubs, qui tire son nom d'une rivière du même nom — prononcer dou)... et nouvelle région (la Franche-Comté).
[Suite...]
L'atmosphère était franchement fantomatique lors de notre passage vespéral à Arc-et-Senans. Jugez-en par vous-mêmes:
L'attraction principale d'Arc-et-Senans, c'est la Saline Royale (le site web est très complet). Résumé grossier: la Saline Royale, c'est une « manufacture », construite à la fin du XVIIIe, où l'on transformait la saumure (eau salée) en sel, par simple évaporation. L'eau salée, en provenance de Salins, était acheminé par un saumoduc (vraiment! — 20 km!) vers Arc-et-Senans, principalement en raison d'une raréfaction de combustible (du bois, un paquet de bois) à la source (Salins).
Évidemment, vu l'heure tardive, il était impossible de faire une visite en règle de l'endroit. Qu'à cela ne tienne! L'intrépidité (et l'entregent) sans bornes de Laure nous ont permis d'obtenir du gardien le code numérique de la (massive) porte d'entrée (!) et donc de déambuler à l'intérieur de l'enceinte de la Saline.
(Absence de trépied + vitesses d'exposition nécessaires pour voir quelque chose = image un peu floue.)
La Saline n'était pas qu'une manufacture — c'était une entité communautaire et administrative complète: logements pour les ouvriers/pour le directeur/pour les députés, boulangerie, salle d'audience, greffe, prison (« à destination des fraudeurs, des indisciplinés », dixit le site web...). Une vision assez freak d'une minicité optimale.
Après notre arrêt parmi les fantômes salés d'Arc-et-Senans, nous atteignons finalement notre destination — la maison d'un couple d'amis de Laure, située dans un petit endroit tranquille flanqué d'un boisé, pas très loin de Besançon. Malgré qu'ils soient un peu claqués par leur job — ils sont tous deux fraîchement sortis de leurs cours de médecine et sont internes (je crois) —, ils nous accueillent chaleureusement. Nous passons la nuit là; nous nous réveillons bien après leur départ pour le travail, aux aurores...
La suite — Besançon — aura sa propre entrée.