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3/31/2005

Rhétorique bourguignonne


Épinac, vous connaissez?

Non? Mais quel genre d'éducation dispense-t-on à notre jeunesse, de nos jours, je voudrais bien qu'on me le dise! (Mais c'était une question rhétorique, bon sang! Qu'avez-vous à ânonner une réponse? Ne vous a-t-on rien appris à l'école? [Rincer et répéter.])

Épinac, donc, si vous ne le saviez pas déjà (franchement, vous devriez), c'est ce fleuron de Saône-et-Loire où mon épopée TGV m'a ultimement conduit.

Il serait opportun de faire un petit crash course de géo française avant de poursuivre le tourisme virtuel. La Saône-et-Loire constitue un des 100 départements que compte la France (96 métropolitains et 4 d'outre-mer). Elle fait partie de la Bourgogne, qui est une région (il y a en tout 22 régions; sachez aussi que la Bourgogne regroupe quatre départements). Le département se subdivise en arrondissements (à ne pas confondre avec les divisions internes des villes de Paris, Lyon et Marseille — elles aussi appelées arrondissements —, bien sûr), puis en cantons et finalement, en communes. Comme il y en a en titi, en France, des communes (près de 37 000), et comme 90% des communes comptent moins de 2 000 habitants, une volonté politique d'encadrer et de faciliter les fusions a un jour émergé, ce qui a donné la loi Marcellin de 1971. Le programme n'a jamais vraiment décollé: on prévoyait au départ 3 500 fusions — dix ans plus tard, il n'y en avait eu que 810. Imaginez-vous donc que les petites communes souhaitaient préserver leurs prérogatives. Shocking, n'est-il pas? (Aha! C'était encore une question rhétorique!) Quelle aberration! Ce n'est pas au Québec qu'on aurait des chicanes de clochers comme ça! Aîné houé... Ce qui s'est plutôt produit, dans plusieurs cas, c'est la création d'établissements publics de coopération intercommunale ou encore des sociétés d'économie mixte.

Maintenant que je vous ai abreuvé de connaissance (faut bien que quelqu'un se charge de la sale besogne, vu l'état lamentable des choses...), directement tirée de mon puits sans fond d'érudition(*), nous sommes en mesure de continuer.

(*Toute ressemblance dudit puits avec le site encyclopédique Wikipedia serait entièrement fortuite. Plus que cela: si vous en veniez à constater certaines identités textuelles, vous récolteriez probablement là le fruit d'une imagination errante et — disons-le sans ambages — malade. Songez à vous faire soigner. Vraiment. Un conseil d'ami. Qui veut simplement votre bien.)


Voici un exemple de paysage de Saône-et-Loire:

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Évidemment, ce cliché ne révèle qu'une perspective — et ce n'est probablement pas la plus impressionnante qui soit. Mais c'est la seule photo paysage de l'endroit que j'ai à vous montrer. Et puis, de toute façon, je ne crois pas que l'on puisse qualifier le paysage de ce coin d'impressionnant. Ou à tout le moins, s'il impressionne, ce n'est pas immédiatement, par l'assaut d'une théâtralité impériale qui vous fige le sang, mais plutôt après coup, lorsqu'on constate, un peu hébété, tout le terrain psychique qu'il est parvenu, par l'infiltration souterraine de sa sérénité, à occuper.

C'est donc nuitamment que nous nous sommes introduits, Laure, Étienne et moi, dans la demeure épinacienne (j'invente — je n'ai pas la moindre idée du gentilé associé à la ville). En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit d'une demeure épicurienne. Dès l'arrivée, bouffer s'est imposé comme un acte de première nécessité. Malgré que mon organisme fut parfaitement repu, j'ai, après m'être fait vanter les vertus de la cuisine de la maison, finalement cédé au boeuf braisé (pendant 9 heures...)

[Arggh... j'étais rendu un peu plus loin dans mon entrée, mais pour une raison mystérieuse, Blogger s'est arrêté ici...]

Le lendemain, après un petit déj solaire (il a fait un temps fantastique tout au long de mon escapade), mon frère et moi avons convenu de faire une petite balade en bagnole dans les environs.

Je vous offre en témoignage de cette promenade... (D'ailleurs, je viens de réaliser que la taille des images accessibles en cliquant sur la version réduite [thumbnail] était beaucoup plus petite que ce que je croyais. Je n'avais jamais vraiment vérifié, je crois... Oups... J'ai changé de technique: maintenant, une version large apparaît en popup — c'est toutefois déconseillé pour les connexions lentes...)

... le château de Sully:

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(Il y aussi dans les parages un château de Couches, ce qui, avouez-le, est assez rigolo.)

... des boeufs charolais en train de se gratter contre une clôture:

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(J'ai aussi une séquence vidéo qui capture ces bêtes en pleine action; je n'ai malheureusement pas d'espace pour l'entreposer.)

... un arbre dévoré par le gui:

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(Il y en a partout, dans la région.)

Ensuite, retour à la casa Épinac. Au menu du déjeuner: foie gras et compote de figues pour lancer les hostilités, accompagné par un Sauternes (bah, pourquoi pas?); puis les restes de la veille (le boeuf et un autre truc — c'est ce que j'ai pris et je ne m'en souviens curieusement plus [c'était très bon, en plus]), accompagné de deux excellentes bouteilles de la région. La discussion ayant à un moment donné débouché (pardonnez le calembour non intentionnel) sur le sujet du vin (surprise!), la mère de Laure nous propose de goûter un vin blanc utilisant le cépage savagnin pour nous donner une approximation de ce qui est connu sous le nom de « vin jaune ». C'est un vin issu du Jura, vraiment insolite. Je n'y ai pas goûté, mais si c'est aussi bon que le savagnin (et c'est supposé être meilleur), ça doit être quelque chose.

Un peu plus tard, nous prenons la route pour aller rencontrer des amis de Laure. Partout, des vignes:

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Nous faisons un bref arrêt à Beaune (dans le département de la Côte-d'Or, toujours en Bourgogne).

Une cathédrale (j'imagine que c'est une cathédrale...):

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Une rue vraiment, tsé genre, cool:

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Un ancien viticulteur recyclé dans la sculpture avec qui j'ai fait un brin de causette (il était intarissable — sans être gâteux):

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(Je lui avais demandé si ça l'embêtait que je prenne des photos; il m'avait répondu que ça allait... mais il était évident que l'appareil photo l'intimidait un peu — ce n'est toutefois pas apparent sur ces clichés.)

Une gargouille menaçante:

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Vroum, vroum, vroum... Un deuxième arrêt, à Arc-et-Senans. Nouveau département (le Doubs, qui tire son nom d'une rivière du même nom — prononcer dou)... et nouvelle région (la Franche-Comté).

[Suite...]

L'atmosphère était franchement fantomatique lors de notre passage vespéral à Arc-et-Senans. Jugez-en par vous-mêmes:

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L'attraction principale d'Arc-et-Senans, c'est la Saline Royale (le site web est très complet). Résumé grossier: la Saline Royale, c'est une « manufacture », construite à la fin du XVIIIe, où l'on transformait la saumure (eau salée) en sel, par simple évaporation. L'eau salée, en provenance de Salins, était acheminé par un saumoduc (vraiment! — 20 km!) vers Arc-et-Senans, principalement en raison d'une raréfaction de combustible (du bois, un paquet de bois) à la source (Salins).

Évidemment, vu l'heure tardive, il était impossible de faire une visite en règle de l'endroit. Qu'à cela ne tienne! L'intrépidité (et l'entregent) sans bornes de Laure nous ont permis d'obtenir du gardien le code numérique de la (massive) porte d'entrée (!) et donc de déambuler à l'intérieur de l'enceinte de la Saline.

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(Absence de trépied + vitesses d'exposition nécessaires pour voir quelque chose = image un peu floue.)

La Saline n'était pas qu'une manufacture — c'était une entité communautaire et administrative complète: logements pour les ouvriers/pour le directeur/pour les députés, boulangerie, salle d'audience, greffe, prison (« à destination des fraudeurs, des indisciplinés », dixit le site web...). Une vision assez freak d'une minicité optimale.

Après notre arrêt parmi les fantômes salés d'Arc-et-Senans, nous atteignons finalement notre destination — la maison d'un couple d'amis de Laure, située dans un petit endroit tranquille flanqué d'un boisé, pas très loin de Besançon. Malgré qu'ils soient un peu claqués par leur job — ils sont tous deux fraîchement sortis de leurs cours de médecine et sont internes (je crois) —, ils nous accueillent chaleureusement. Nous passons la nuit là; nous nous réveillons bien après leur départ pour le travail, aux aurores...

La suite — Besançon — aura sa propre entrée.

3/26/2005

Nos amies les caténaires


Tout de suite après mon cours de maître, j'ai activé le Plan Escapade (insérer musique de film d'espionnage de 1967).

J'avais décidé de rejoindre en Bourgogne mon frère et sa blonde, récemment arrivés de Paris. Une belle occasion de voir d'autres coins de la France, un petit répit après le rush Messiaen/Donatoni. Le voyage en train ne prendrait même pas une heure et ne coûterait pas cher, grâce à ma carte 12-25.

Après avoir vérifié les horaires, j'achète donc sur le site web de la SNCF un billet pour le TGV. Je mange en vitesse, fais ma valise en 2 minutes et me rends à la gare Perrache. Les délais sont serrés, mais je suis dans les temps. En plus, me dis-je, j'ai déjà acheté mon billet; je n'ai plus qu'à me pointer à la billetterie automatique et, en moins de temps qu'il ne faut pour crier « cryogénisation », je m'évacherai sur un siège de TGV — en deuxième classe, mais tout de même.

Je me faufile jusqu'à un guichet automatisé, prêt à interagir de façon on ne peut plus optimale avec l'écran tactile qui me fait face. Je réquisitionne mes fonctions de déchiffrage ultrarapide et fais appel à toute la virtuosité de coordination main/oeil qui m'est disponible (ces années de jeunesse passées à jouer « juste une dernière partie » au Nintendo se révéleront en fin de compte des plus profitables). De toute façon, kein Panik, il me reste quand même une bonne marge de manoeuvre. Avec le clavier virtuel AZERTY de l'écran tactile, je tape mon code et puis mon nom. Ne reste plus qu'à insérer ma carte de crédit pour confirmer mon identité. Oups, je me suis probablement trompé de sens... Hmm, non, le dessin indique bien ce sens-là. Essayons quand même toutes les possibilités, pour voir... (des gouttes de sueur perlent sur mon front). Non, non, non et non. Je dois me rendre à l'évidence: la machine et ma carte n'arrivent pas à s'entendre. Je n'ai pas le choix, je dois faire la file (qui est d'une bonne longueur) qui mène aux guichetiers (qui sont au nombre de trois). Je fais trottiner un petit hamster dans ma tête: délai avant départ du train — (estimation du temps moyen nécessaire à la libération d'une place aux guichets x nombre de gens faisant la file) = valeur négative. Not good. Le train est raté.

La transaction avec la guichetière se solde par l'obtention d'un billet pour le train suivant et la réalisation que le guichet automatisé ne reconnaît que les cartes à puce, pas ma carte VISA qui n'a pas dépassé le vulgaire stade de la bande magnétique. Merci, site web de la SNCF! (qui n'affichait pas cette exigence de la machine... en plus d'être plutôt vague dans ses instructions de récupération de billet, à la base).

Je dois donc patienter environ deux heures. J'appelle tout de suite le conjoint de la mère de la blonde de mon frère (vous me suivez?), qui devait venir me chercher à la gare. Manque de pot, son téléphone est éteint. Je laisse un message. J'appelle les autres personnes concernées. Je décide de complémenter mon rapide repas de tout à l'heure avec un sandwich. Après un chassé-croisé téléphonique, j'apprends que ce seront finalement mon frère et sa blonde qui viendront me chercher. D'ac.

Des messages informant les voyageurs de retards importants pour plusieurs trains sont diffusés. Le mien n'est toutefois pas affecté pour l'instant. Mon frère m'apprend qu'un accident de caténaire (c'est le système de suspension du fil d'alimentation des locomotives; si jamais l'envie soudaine d'en savoir plus sur les caténaires vous assaillait, vous pourriez consulter cette page, qui répond à des questions troublantes comme « Que se passe-t-il sous 25 kV? ») est la cause de tous ces retards... et que, dans le fond, c'est une veine que j'aie raté le train que je devais initialement prendre, parce que les gens qui étaient à bord devront être redirigés en autocar... Il me demande de m'assurer que mon train n'est pas affecté...

... ce que je m'empresse de faire. L'employé de la SNCF me dit que je n'ai pas à m'en faire avec l'accident de caténaire, que mon train arrivera à l'heure prévue, que tout roulera comme sur des roulettes qui baignent dans l'huile (mais non, il n'a pas dit cette dernière chose). Je profite de mon « entretien » pour lui demander à quel quai doit arriver mon train (ce n'est curieusement pas indiqué sur les tableaux électroniques). Après vérification, il me dit que je dois me rendre à la gare Part-Dieu (ah bon...) OPC (ben non, il a pas dit OPC..) pour attraper mon train. Ça aurait été sympa que quelqu'un le mentionne, à un moment ou un autre... (En plus, dès le départ, j'avais expressément vérifié avec la guichetière que le trajet du nouveau train était exactement le même que celui que je venais de rater.)

J'attrape de justesse le train qui me mène de Perrache à Part-Dieu. Rendu là, je cherche frénétiquement le quai où devrait être stationné mon train. Je ne trouve nulle part le numéro de mon train. Je suis plongé dans la confusion la plus totale et je panique un peu à l'idée de rater encore une fois mon train. À nouveau, je fais la file à l'accueil pour demander des éclaircissements. Après une attente passée à alterner un regard nerveux entre ma montre et les guichets, je finis par obtenir le renseignement voulu. Je demande au guichetier de me confirmer que mon train n'est pas affecté par l'accident de caténaire — on ne peut jamais être trop sûr... Il me répond de ne pas me faire de mauvais sang: le train partira à l'heure prévue.

Avant d'embarquer sur « l'escalator » menant au quai, je vois sur un panneau électronique l'alerte suivante: « Accident de caténaire... [bla-bla]... Tous les trains... Paris -> province... Province -> Paris... Retard de 1h30 à 2h30 » Youppi! Bonjour les messages contradictoires. J'ose espérer que l'employé à l'accueil disposait d'informations plus fraîches/plus précises.

Une fois parvenu au quai, je cherche mon train. C'est pas celui en face de moi. Je présume qu'il doit être derrière ce dernier. Bingo! Prochaine étape: trouver le bon numéro de voiture (les places sont assignées dans les TGV). Je regarde un tableau électronique qui indique les numéros de voiture en fonction de « repères » alphabétiques. Je me rends au repère je-sais-pus-quoi et au lieu de trouver la voiture 5, je découvre la voiture 13. Je fais part de cette disparité à un employé qui se trouve dans les parages. Il me dit: « Ah, ben non, c'est pas la voiture 5 », ce qui est, vous en conviendrez, d'une aide inestimable. Il poursuit: « La voiture 5, ce serait par là-bas. » Il pointe vers l'endroit d'où je venais, c'est-à-dire vers l'autre train que je viens de dépasser. Je lui réponds que c'est impossible, puisque c'est un autre train — pas celui que je dois prendre, j'en ai l'assurance — qui se trouve là. Somehow, il n'arrive pas à traiter cette information et me redis que: « Ah, ben non, la voiture 5, c'est pas ici, c'est par là. » Il consulte un collègue, qui abonde dans le même sens (insensé). Pendant ce temps, d'autres gens arrivent et ils semblent, comme moi, chercher l'introuvable voiture 5. Je répète aux employés SNCF que c'est un autre train qui est dans la direction vers laquelle ils pointent, que je dois prendre la voiture 5 du train [numéro x], pas la voiture 5 du train [numéro y] et que le tableau électronique indiquait que la voiture 5 du train [numéro x] devait se trouver à l'endroit où nous sommes actuellement. La réponse de l'employé? Alors, attention, je vous avertis, ça va fesser fort: « Ah ben, vous savez, les tableaux, faut pas toujours s'y fier. » Que répondre à cela? Après 2-3 secondes de consternation, je conclus que les employés ne me sont d'aucune aide dans ma quête — en fait, ils y sont pratiquement nuisibles. J'entreprends donc de partir à la chasse de la voiture 5. Je parcours tous les wagons, de l'intérieur du train. Aucune voiture 5.

J'en ai marre, je décide de m'installer à une place aléatoirement choisie. Y a toujours ben un maudit boutte... D'autres voyageurs sont manifestement aussi confondus que moi. Un peu plus tard, je reparcours les wagons... et je m'aperçois que les numéros de voiture ont été modifiés. Le numéro 5 est finalement apparu. Je m'assois donc à la place indiquée sur mon billet.

L'heure de départ prévue a été dépassée. Le pressentiment que le train sera bel et bien retardé s'impose de plus en plus à mon esprit. Des gens investissent le wagon. J'apprends qu'ils proviennent de Perrache — peut-être étaient-ils dans une situation semblable à la mienne mais n'ont pu attraper le train que j'ai pris...?

J'ai déjà laissé plusieurs messages contradictoires sur le cellulaire de la copine de mon frère. Maintenant que le train est presque rempli, j'ai l'impression qu'il s'apprête véritablement à partir. À l'encontre de la sagesse la plus élémentaire, je tente ma chance dans le commerce de peau d'ours.

Et puis tombe la nouvelle — qui ne surprend pas grand monde, en fait. À travers un système d'interphone déficient, un type annonce que le train est retardé. La raison? Tenez-vous bien, encore une fois... « Nous sommes en attente d'un contrôleur et d'un conducteur. » Le pauvre relayeur de nouvelles se dépatouille comme il peut pour présenter des excuses. Un des passagers en face de moi se lance dans une série de commentaires caustiques assez amusants (l'arrangement des sièges est 2 vs 2; deux de mes voisins lisent le Canard enchaîné [un bon journal satirique]).

Quelques mises à jour qui n'en sont pas (« Le train est toujours retenu par Dieu [Part-Dieu] ») sont transmises au fur et à mesure que les minutes s'écoulent. Entre autres commentaires surréalistes, on nous dit que « la durée du trajet reste toutefois inchangée »... Quoi? Ils n'ont pas décidé de l'allonger pour être plus en phase avec les circonstances? Mince...

J'ai la curieuse impression qu'en fait, ils ont sous la main un conducteur, mais pas de contrôleur (impression découlant du fait qu'un des messages ne mentionnait que le contrôleur). On comprend à l'écoute d'un des messages que le contrôleur (et, peut-être, le conducteur) est retenu sur un autre train, qui n'est toujours pas arrivé because la caténaire. Et la SNCF est incapable de trouver le moindre substitut à Lyon...

Les minutes passent... je crois qu'au moins deux heures s'écoulent... et puis, soudainement, un nouveau message gagne nos oreilles. M. Nouvelles nous informe, presque exultant, qu'ils ont trouvé un contrôleur (!) pour le train machin-chouette et que le départ est imminent. (Évidemment, une attente supplémentaire d'une dizaine de minutes précède le départ réel.)

Tchou-tchou... j'arrive à la gare Le Creusot. Ayant entendu des conversations faisant allusion à une politique de remboursement de la SNCF en cas de retards importants, je m'enquiers de la marche à suivre à l'accueil de la gare. (Je dois poster une enveloppe pour obtenir le remboursement.) Ne trouvant pas mon frère/sa blonde à la gare, je leur téléphone. (Avant d'arriver, j'étais certain qu'ils poireautaient à m'attendre depuis un bon moment.) Ils me disent qu'ils sont en voie d'arriver — une dizaine de minutes tout au plus. Un peu plus tard, je reçois un appel de leur part: ils m'avertissent qu'ils se sont rendus à la mauvaise gare. Ils s'excusent profusément, me disent qu'ils rebroussent chemin et arrivent — ça ne devrait pas être trop long. Je ne leur en tiens pas rigueur — en fait, j'avais craint que ce genre de truc arriverait (j'avais constaté sur internet qu'il y avait deux gares Le Creusot; ils ne sont pas allés à la gare TGV).

Plus tard, le conjoint de la mère de Laure (c'est le nom de la blonde de mon frère), éternel boute-en-train, nous dit que, pour un temps de voyage équivalent, j'aurais pu me rendre au Canada (c'est juste...)

Prochaine entrée: le séjour comme tel. Je vais aller à l'essentiel — ça fait quand même des textes *bip*ement longs...

3/25/2005

Zinzinulons!


Une fois de plus, j'éprouve quelques difficultés à me lancer dans la rédaction d'une nouvelle entrée. J'ai déménagé vers une nouvelle table, au café, espérant que cela donne un coup d'envoi à ce rude mais hygiénique exercice qu'est la production blogatoire. Le prétexte « socialement sous-entendu » du déménagement ? Le raccord du iBook à une prise de courant. La véritable raison? L'abandon d'une table offrant mon écran aux regards d'un couple à la conversation pour le moins sous-alimentée. C'est un peu ridicule/paranoïaque, mais j'avais l'impression constante que, pour se désennuyer, ils jetaient de temps à autre un coup d'oeil en ma direction — plus précisément, vers l'écran de mon ordinateur, théâtre d'événements autrement plus passionnants que leur rencontre au sommet. Résultat? Blocage d'inspiration chez votre humble serviteur. Le soulagement était donc grand lorsque la table donnant accès à une prise de courant s'est libérée, puisque celle-ci est commodément située à l'abri des regards inquisiteurs. Mais — il fallait s'y attendre — cela n'a pas suffi à sortir de leur sommeil les muses blogatoires. La pression s'accentue puisque, l'air de rien, la fermeture du café approche; rien pour faciliter un épanchement naturel de contenu blogatoire 100% pur jus.

Plusieurs jours passent. (— Non! — Si, si, je vous assure!)

Retour à la même Bat-table, avec le même Bat-iBook.

[Hhhhhhh...] Emplissons nos poumons d'un air que l'on esp-ére tonifiant (et puis [...Hhhhhh] désemplissons-les, question de ne pas faire exploser quelque gugusse vital dans notre cage thoracique...).

Pour expliquer les raisons-du-pourquoi-de du silence blogatoire, je vous invite à plonger — avec moi — dans l'Histoire d'un Parcours (laisser traîner nonchalamment ce dernier mot pour obtenir le plein effet).

Dans le dernier épisode (qui remonte à encore plus loin que ce que je croyais...), je dressais une petite liste de tâches à accomplir (et Jack déshéritait Crystal, souvenez-vous-en). Tout en haut de cette liste figurait le projet de peaufiner «mes» fauvettes (paradoxalement l'oiseau qui prend le plus d'espace dans Le Loriot, de Messiaen). Vous serez peut-être déçus d'apprendre que ce peaufinage n'était pas exactement un geste désintéressé, une pure envie d'émuler au mieux des capacités humaines le noble sylviidé, sans dessein latent. C'est pourtant la triste vérité.

Le travail sur le zinzinulement (je n'invente pas, je vous jure) de la fauvette s'effectuait en vue d'un concert de classe (ici appelé une audition). (Aussi, je composais avec une nouvelle approche « pédalistique » du duo de fauvettes. Mon prof avait avancé l'idée que l'indication « mettre très peu de pédale » de Messiaen pouvait possiblement être interprétée comme une consigne d'appliquer constamment un halo très subtil de pédale [alors que je n'en mettais pour ainsi dire aucune]; je ne suis toujours pas convaincu de la rectitude de cette interprétation, mais je dois avouer que le résultat sonore est tout à fait intéressant. La pédale lyonnaise à l'oeuvre...)

Durant cette période, j'avais pas mal de difficulté à avoir un local pour travailler... et lorsque j'en obtenais un, mon bras ne manquait pas de me signaler qu'il ne tolérerait pas des tourments prolongés. Malgré cela, j'ai réussi à faire un travail décent sur les fauvettes; par contre, jusqu'au dernier moment, j'éprouvais une sérieuse frustration du fait je ne zinzinulais toujours pas à la hauteur de mes ambitions — le travail ne semblait pas réellement porter fruit. C'est donc avec surprise, soulagement et satisfaction (la réaction connue sous le sigle serpentin de SSS) que j'appréciai l'ultime résultat de mes efforts — une prestation plutôt décente.

Une fois cette « première priorité » [sic, dixit Charest] évacuée, je devais m'atteler à celle qui lui succédait — Donatoni. Ou Françoise. Comme dans Françoise Variationen, de Donatoni.

L'idée était la suivante: le Conservatoire invite un pianiste, (Jay Gottlieb, un Américain qui va souvent au CNSM de Paris), celui-ci donne un concert Berio/Donatoni... et le lendemain, un cours de maître sur des oeuvres de ces deux compositeurs est tenu. Comme les pianistes ayant à leur répertoire une pièce d'un de ces Italiens ne courent pas les rues ni n'arpentent les corridors du Conservatoire, il a fallu lancer un appel au dévouement (les mauvaises langues diraient « de détresse »). Ceux qui avaient déjà touché à une oeuvre de Berio/Donatoni étaient évidemment les premiers conscrits; en seconde ligne s'alignaient ceux qui, un jour ou l'autre, avaient manifesté quoi que ce soit qui puisse être interprété comme un intérêt — enfin, « une absence de dégoût » représenterait peut-être plus fidèlement la réalité — envers la musique contemporaine.

On m'avait octroyé un certain nombre de variations de Donatoni (parmi les Françoise susnommées). Évidemment, aucun enregistrement n'existe à la médiathèque. Je jette un coup d'oeil aux variations dont j'ai une copie — je kife pas trop... Comme je suis alors dans un rush Messiaen, les Donatoni sont contraintes de mijoter (faiblement...) sur le back-burner. Quand j'ai un peu de temps à leur consacrer, je n'arrive pas à dépasser la barrière psychologique des 10 minutes — souvent, un « bloc » (...) de cinq minutes de travail exige, en guise de réparation, cinq minutes d'aération de l'esprit... J'exagère à peine. Un régime pas très productif, en somme. Les autres pianistes réquisitionnés sont dans un état d'esprit à peu près comparable; certains tentent d'ailleurs de voir comment ils pourraient se délester diplomatiquement de leur quasi-obligation (ils ont à peu près tous d'autres chats à fouetter — et pas les moindres, dans certains cas [contrôles, diplôme d'État {un truc qui, ultimement, permet d'enseigner}, etc.]), d'autres sondent leurs collègues dans l'espoir de trouver un bon Samaritain prêt à alléger leur fardeau... Pagaille générale.

Plus tard, j'émerge du sprint Messiaen; il est plus que temps d'embrayer sur les Donatoni — full steam! Le constat suivant devient rapidement évident: il faut que les autorités compétentes évident ma collection de variations, qu'elles dévient du plan initial (possibilités anagrammatiques épuisées). J'évalue que je serai en mesure de jouer trois des six variations qu'on m'a attribué; c'est entendu, ça ne cause pas de problème (d'ailleurs, en consultant le programme du cours de maître, je constate qu'en fin de compte, personne n'en jouera plus de trois).

Je m'affaire, je planche, je bosse; ça progresse assez bien, mais je ne suis pas certain que ce sera suffisant pour me permettre de présenter décemment les trois variations.

La veille du cours de maître, je vais entendre le concert. Je dois ici faire une parenthèse pour souligner que les concerts du Conservatoire, tous types confondus (orchestre, récitals solo, auditions, etc.), sont généralement plutôt bien fréquentés. Mais cette fois, l'effet repoussoir du contemporain a frappé de plein fouet la salle Varèse: à part les étudiants qui devaient jouer le lendemain, quelques professeurs et autres représentants du Conservatoire ainsi qu'une poignée d'hurluberlus, personne n'avait jugé bon de se déplacer pour un concert présentant pourtant (j'imagine que ce marqueur relationnel serait contesté par les absents...) une affiche (je parle du répertoire, bien sûr, pas de la pub...) d'une indéniable originalité.

La formule retenue faisait alterner une présentation plus ou moins succincte des pièces et leur interprétation — pas une mauvaise idée du tout. Malheureusement, je crois que le commentaire délivré aux auditeurs ne répondait pas à la commande — de taille, je le concède — d'intéresser à la fois les non-initiés et les gens « rompus à la baignade en ces eaux troubles » (s'cusez). À mon sens, les exposés ne dégageaient pas les lignes de force des compositions et s'attardaient à des éléments d'intérêt... disons... limité. (Non, mais, merde, on va-tu arrêter de freaker sur le cristi de nombre d'or, un moment donné? Surtout, si la phrase qu'on lance après y avoir fait référence ressemble à « La manifestation n'est peut-être pas clairement apparente dans l'oeuvre dont il est ici question... » Sus au nombre d'or! Fin de la montée de lait.) Le discours ratait donc en plus d'une occasion les éléments importants, au profit de considérations parfois triviales et il simplifiait à outrance certains concepts... cependant que le présentateur présumait — à maintes reprises — de la connaissance par l'auditoire d'oeuvres jamais jouées en concert et à peine distribuées, que ce soit sous forme de partition ou d'enregistrement! Exemple: « Vous êtes probablement familiers de [oeuvre X que, j'en mettrais ma main au feu, pratiquement personne dans la salle n'a entendu de sa vie...] » Le présentateur était sûrement conscient de cela; je ne sais trop que penser des raisons qui le poussaient à agir de la sorte. En plus, la communication, bien que verbalisée dans un français plutôt soigné, manquait cruellement de dynamisme. (Petit conseil au présentateur: lorsque vous continuez de parler en vous tournant vers le pianiste [c'est-à-dire aux 30 secondes, grosso modo], votre message ne parvient plus à l'auditoire qu'en des bribes inintelligibles.) Vers la fin du concert, le pianiste s'est permis quelques interventions qui, en comparaison avec la présentation officielle, représentaient un modèle de dynamisme et de pertinence. Bon, ce n'était peut-être pas si pire, je suis peut-être un peu sévère, mais je crois qu'on est en droit de s'attendre à plus de la part du responsable du séminaire d'analyse de la musique du XXe siècle — auquel j'assiste... Et sachez que mes commentaires sont beaucoup plus modérés que ceux que mes collègues étudiants pouvaient tenir...

Malgré tout cela, j'ai trouvé le concert tout à fait intéressant. Il m'apparaît évident que le pianiste est « un musicien authentique avec des choses à dire ». Whatever that means. J'étais évidemment très curieux de voir ce que donneraient ses Donatoni (il jouait une sélection de variations; j'étais ravi d'apprendre que 2 de « mes » variations en faisaient partie). Premier constat: le tempo adopté pour une des variations qui me donnait du fil à retordre était probablement encore plus lent que le mien... Ça me rassurait. J'étais arrivé à la conclusion que l'indication métronomique du compositeur pour cette variation n'avait aucun sens; j'avais décidé de la jouer à un tempo de deux fois inférieur à celui qu'il indique, ce qui correspond selon moi grosso modo au seuil maximal d'intelligibilité du discours. C'était aussi ce que faisait Gottlieb — et encore, c'était un peu plus lent. Je reviendrai sur cette question un peu plus loin, ça prend une tournure comique, vous verrez.

[La fermeture du café est amorcée, les toiles couvrant ses fenêtres sont en train d'être déployées, je dois me nourrir... bref (allez, tout le monde ensemble): à suire...]

[Un petit tour de manivelle, et c'est reparti...]

Donc, oui, planche planche, bosse bosse, les Donatoni atteignent finalement un niveau décent. J'assiste aux cours de la matinée; j'y découvre un M. Gottlieb surexcité au possible — on a l'impression qu'à tout moment, il pourrait littéralement exploser. Les mots et les gestes se bousculent frénétiquement, comme s'il était complètement coké (mais non, je ne prétends pas qu'il l'était réellement...) J'ouvre la session d'aprèm. Il n'y a évidemment pas un chat dans la salle pour assister aux cours (outre Géry Moutier et le prof d'analyse XXe). Ça se passe plutôt bien, M. Gottlieb fait quelques brefs commentaires. Lui tendant une perche pour diversifier un peu le champ d'interventions (je dois mentionner que les variations sont assez, comment dire, one-sided?; une forme d'écriture maintenue tout du long — ça n'invite pas nécessairement à des commentaires extrêmement variés), je décide d'aborder la question du tempo fou d'une des variations, curieux de connaître son point de vue sur cette question.

Avant de passer à sa réponse, je dois relater le bla-bla qui avait précédé mon cours — on attendait quelqu'un avant de commencer. M. Gottlieb était en mode anecdotes. Il évoqua entre autres une soirée où Bernstein, complètement bourré, avait entrepris de jouer Alborada pour montrer que le fait d'avoir une oeuvre sous les doigts ou non n'était pas une excuse pour décliner une invitation à la jouer... C'était bien sûr une réplique à quelqu'un qui venait de « se défiler » ainsi. De l'aveu de M. Gottlieb, Alborada en ressortait passablement amochée, mais Bernstein avait tout de même joué la chose du début à la fin. Ensuite, Gottlieb raconta comment il (je parle toujours de Gottlieb) avait fait changer par les compositeurs (« certains parmi les plus grands; je ne nommerai pas de noms... »; mon soulignement indique que ces mots étaient « bénéficiaient » d'une emphase particulière, qui s'apparentait un peu à un accent british...), dans quantité d'oeuvres, certaines indications absurdes/irréalistes. Notamment des tempi. Vous me voyez venir.

Retour à la discussion du tempo extrême de la variation de Donatoni. Je mentionne que le tempo me paraît à la fois techniquement inatteignable et auditivement absurde (puisqu'il rendrait le discours complètement inintelligible). Je souligne que le tempo que je prenais correspond environ à la moitié du tempo indiqué sur la partition. Il enchaîne avec quelque chose comme « Oui, comme je disais plus tôt, c'est un but à atteindre » (avant moi, il avait rappelé à tout le monde que le tempo qu'ils avaient pris était bien en-deça du tempo indiqué). Curieusement, dans mon cas, il n'avait fait aucune allusion au tempo avant que je soulève la question... Peut-être parce que c'est à peu près le tempo qu'il adoptait lui-même... (Je n'ai évidemment pas relevé ce fait.) Il s'en est suivi une discussion sur la prédilection de Donatoni pour les extrêmes, sur le charme des impossibilités, etc. Yada yada. Bon, je veux bien, mais... Je poursuis la discussion en arguant qu'en fait, ça revient un peu aux indications du genre « aussi vite que possible »; Gottlieb mentionne tout de suite le fameux cas Schumann (dans la sonate en sol mineur [aussi vite que possible; puis, encore plus vite]) — je pensais effectivement à ce genre de cas. Le prof d'analyse dit que c'est en fait plus que ça... et là, honnêtement, je ne me souviens plus précisément de ce qu'il avançait. Disons que ma mémoire sélective a passé outre...

Bref... Je persiste à croire que Donatoni n'a absolument pas réalisé les implications du tempo qu'il a écrit pour cette variation (d'ailleurs, les tempi sont, pour toutes les variations, des multiples de 11 — j'ai l'impression qu'on est en présence du cas classique où une patente théorico-mathématique n'a malheureusement pas été soumise à un real-world test). Ou alors, il le savait... ce qui signifierait qu'il s'amusait à mettre des tempi absurdes. De toute façon, le choix du tempo, ultimement, est fatalement soumis à certaines limitations physiques auxquelles nous, simples mortels, ne pouvons échapper.

Fin.


Programme pour la prochaine entrée: le récit de ma Fabuleuse Excursion. Et puis ça fait longtemps que je veux vous faire un brin de causette sur l'actualité politique en France... Ici aussi, les étudiants pestent contre le gouvernement... Je vous en reparle. Parlant d'étudiants et de gouvernement: rire du ministre qui a « fait un bout de chemin » devient chaque jour une nécessité hygiénique plus pressante — je n'y échappe(rai) pas. On a le choix de rire de lui et de son gouvernement, d'en pleurer (métaphoriquement ou non) ou de s'en insurger — je crois qu'on passe tous par chacun de ces états. Donc, c'est inévitable, une nouvelle chronique de grève se taillera un chemin vers ces pages.

En tout cas, d'ici là, lâchez surtout pas! Je vous apporte mon soutien (bien modestement) à travers mes pensées. Faut que l'aiguille de l'indicateur de bauchitude vire dans le rouge!

3/04/2005

Levée du moratoire blogatoire


(Entrée légèrement modifiée...)

Bon. C'est assez: la procrastination blogatoire a assez duré. Ça fait (facilement) une heure que la fenêtre d'édition attend sagement que je lui consacre un peu d'attention. Eh bien, elle peut enfin se réjouir, comme en font foi ces mots qui, ma foi, c'est indéniable, s'alignent lentement, gauchement, mais tout de même, qui s'alignent, dans une marche inéluctable vers la formation d'un paragraphe... de plus en plus foisonnant (y fait assez f'oid, sur Lyon, ces temps-ci): j'ai en effet épuisé le répertoire de petits gestes d'évitement que je m'étais constitué pour repousser le moment fatidique où j'affronterais le champ blanc. (Comment vont ces downloads de MP3 sur Soulseek? Et ce torrent du dernier épisode de Gilmore Girls, il s'enlise, il trottine, il file? Le site de Radio-Canada a sûrement été mis à jour depuis ma dernière visite, il y a deux minutes... Une vérification s'impose, c'est clair. Ou alors celui de www.greve.qc.ca... Non, la dernière entrée est toujours le communiqué d'appui à la grève émis par le PCR [Parti communiste révolutionnaire], qui ne peut s'empêcher de name-dropper Mao au passage. [Regard furtif sur la fenêtre d'édition du blogue — pas de veine, toujours là à me narguer, toujours vide.] Hmmm, c'est vrai, fallait absolument que je cherche des infos à propos de la nidification du courlis cendré. Et puis...)

Donc, bref, me voilà de retour sur/deuhdans la blogosphère. Pour l'immense bonheur des petits, des « plus grands », des moyens, des gens ayant un poids proportionnel à leur poids et des poissonniers.

La semaine de relâche est terminée, ici; elle atteint chez vous son zénith (portion du message écrite mercredi). (Vent dans les cheveux, SVP.) J'appelle cela le cycle de la vie. Que c'est beau, merde! (« Non, non et encore non! Faut croire que vous n'avez pas la fibre poétique, merr-deuh. Il faut plus de points d'exclamation, c'est pourtant pas compliqué à capter! Mettez m'en au moins trois. Il faut qu'on puisse le sentir humer les mots, vous comprenez? Bon. »)

Assez d'âneries.

J'ai accompagné mon frère à la gare Perrache, aujourd'hui; il y prenait le TGV pour Paris. Pendant son séjour, nous avons bien sûr visité ensemble, fait un peu les restos, sans compter le ciné/les autres sorties/etc. Malgré nos efforts répétés, nous n'avons pas réussi à obtenir des billets pour le nouvel opéra, Le roi malgré lui (de Chabrier), manifestement un gros hit. Je devrai m'y remettre avant qu'il ne disparaisse de l'affiche... Nous avons aussi vaqué à nos affaires chacun de notre côté (moi, pratique; lui, préparation du terrain pour un stage prochain/visite en solo de la ville). Un temps agréable fut eu-tu-tu.

Exemple de moment agréable: nous avons visité l'Institut Lumière, hière. Je n'avais pas encore vu l'endroit, qui consiste en un combo musée (maison des Lumière)/salle de cinéma (nouveau bâtiment construit à l'endroit où se trouvait le hangar des Lumière — c'est là qu'ont été tournées les premières images du cinéma [la fameuse sortie de l'usine]).

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Voici le château/musée des Lumière...

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... et puis mon frère, explorant les possibilités photographiques qu'offrent les panneaux de verre disposés devant la salle de cinéma (ancien hangar, détruit pour permettre la réalisation d'un projet immobilier qui a finalement avorté).

La visite du musée est assez intéressante, mais la pièce de résistance est assurément la présentation d'une large quantité de films des Lumière (1 heure), accompagnés d'un commentaire instructif et amusant, courtoisie de Thierry Frémaux, DG de l'Institut... et sélectionneur de films à Cannes, si je ne m'abuse. Je reviendrai peut-être me taper le reste de la séance une autre fois... En fin de soirée, nous sommes allés voir Kagemusha, drame historique épique de Kurosawa (3 heures...).

Plus tôt, nous avions vu un autre film asiatique, très bon (Tatouage, de Yasuzo Masumura [vachement prolifique, apparemment...]; au Japon, en des temps reculés [fouillez-moi, je pourrais pas vraiment vous donner grand chose de précis...] un couple dont l'amour se heurte aux codes sociaux en vigueur prend la fuite; victime de la cupidité d'un soi-disant protecteur, la femme [du couple] est vendue à un proxénète; elle se fait alors tatouer une araignée dans le dos qui la métamorphose en une Lady Macbeth sauce geisha... [c.-à.-d. qu'elle incite son amant à commettre meurtre par-dessus meurtre]). Autre film vu: La petite chartreuse, avec notre Marie-Josée Croze nationale (et aussi notre Yves Jacques national). À éviter.

Je parlais tantôt de restos; à ce chapitre, on n'a pas eu trop de chance... Je regrette donc de dire que, jusqu'ici, je n'ai/nous n'avons pas été en mesure d'apprécier empiriquement la réputation de haut lieu gastronomique dont s'enorgueillit la ville. Évidemment, on n'a pas fréquenté les adresses les plus fancy, mais quand même... Comme dirait mon frère: « C'est pas mmmau-vais [insérer léger mouvement des avant-bras vers le haut accompagné d'un haussement des sourcils], mais j'ai déjà [insérer contorsion faciale exprimant une vague douleur — nécessite d'ordinaire un serrement des dents et la fermeture partielle d'un oeil] mangé un meilleur [plat en question]. [Suite de l'évaluation.] » En fait, le meilleur repas que nous avons pris fut sans conteste un souper que prépara mon frère chez moi (magret de canard). Par contre, mon frère a été quelque peu abasourdi (et charmé), comme je l'avais été à mon arrivée, par la quantité astronomique de boulangeries/pâtisseries/boucheries/tous les autres trucs qui finissent en « -eries » que compte Lyon.

À faire: peaufiner mes Fauvettes dans Le Loriot, apprendre les Donatoni (arrgghhh! — pas beaucoup de temps, beaucoup à faire), soigner un (satané) nouveau rhume, me faire couper les cheveux, plancher sur Murail (j'ai hâte de pouvoir m'y consacrer plus à fond — va falloir que ça se fasse un jour — bientôt —, d'ailleurs...), aller voir l'opéra, finir ce blogue, faire un peu de ménage, etc. etc. Malheureusement, je ne peux pas ordonner ces activités ou encore prioriser certaines d'entre elles tel que mon libre arbitre l'entendrait... En particulier, s'il n'en tenait que de ma volonté, je placerais le traitement du rhume en fin de liste — je vis pour l'instant très correctement « avec » — mais je sais pertinemment que si je fais preuve d'impudence en ignorant le méchant rhinovirus, en refusant de me plier à ses conditions, je ne ferai que prolonger à la fois mon inconfort et ma productivité non optimale. Résultat: je reste tranquille chez moi ce soir, ce qui a comme « effet collatéral » la poursuite du blogage — offline.

Autrement, de quoi d'autre de neuf dans de kessé que ce qui se passe que?

Je me passionne pour le mouvement de grève qui anime actuellement la population étudiante, chez vous. Je suis à l'affût de la moindre information, j'écume tous les sites web qui pourraient diffuser une nouvelle, je lis les communiqués de presse, je suis de près les échanges envoyés sur une mailing list, etc. Quand j'ai appris que l'AÉMUM (l'asso de la Faculté de musique de l'Université de Montréal — dont j'ai laissé la présidence avant de partir pour Lyon) avait adopté en assemblée générale un mandat de grève générale illimitée, je n'ai pu retenir une exclamation, qui a retenti dans le tranquille mélange de conversations matinales tenues au Café du bout du monde. Je trouvais ça fantastique... et assez étonnant. Évidemment, en replaçant les choses dans le proverbial « contexte », je réalise que la chose n'a pas tellement de quoi surprendre.

Le moment est historique. La formule est peut-être grandiloquente et galvaudée, s'cusez-la, mais bon, c'est de circonstance. La vague de grève déferle vraiment sur tout le Québec, emportant dans son sillage presque toutes les assos étudiantes, même celles qui n'embarquent pas dans de tels courants d'habitude; la région de Québec et le milieu anglophone semblent être les seules grosses « poches de résistance/d'inaction », pour l'instant. Quoique même à Québec, y a plusieurs assos de la CADEUL qui vont finir par tenir des AG de grève — même chose à Concordia (pour CSU [les premiers cycles], en tout cas). Je vois aujourd'hui que la FECQ invite ses assos à obtenir des mandats de grève. De nombreuses assos affiliées à la FEUQ en ont déjà en poche et, à moins d'un revirement majeur du gouvernement, ceux-ci seront activés de manière imminente. Il semble que, très bientôt, à peu près tout ce que le Québec compte de cégépiens et d'étudiants sera en grève, à part les gens de gestion, droit, médecine, sciences économiques et autres mollassons, s'cusez, irréductibles du genre. Même vu d'ici, le mouvement impressionne, pas seulement par sa pure ampleur (c'est tout ce que je trouve comme équivalent à sheer size), mais aussi par la délicieuse effervescence qu'il génère et les promesses qu'il fait naître. C'est franchement beau à voir, cette solidarisation étudiante. Je me réjouis aussi d'entendre ça et là des ouvertures de discours portant au-delà du simple (albeit crucial [décidément, j'ai des problèmes lexicaux de correspondance anglais-français, aujourd'hui... y a pas quelque chose de plus juteux que « mais » en français qui conviendrait ici?]) enjeu des 103 millions. La situation actuelle fait surgir (...au grand jour?) au sein de la population étudiante un questionnement de fond sur ce qu'on attend de notre système d'éducation, en fait, plus exactement, sur ce qu'on veut en faire, puisqu'il est bien question ici de prise en charge de la chose politique par les étudiants. D'enthousiasmantes pousses émergent du terreau fertile qu'est la grève. [On me signale que l'alerte à l'allégorie atteint un niveau... alarmant.]

J'aimerais bien être là, voir tout ça de mes yeux, participer. En tout cas, vous bénéficiez de tout mon soutien moral, comme on dit. Lâchez pas, soyez formidables et, surtout, bauchez comme vous n'avez jamais bauché!